États-Unis : Fed, la prudence d’un démineur20/01/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/01/dessinp10001.jpg.420x236_q85_box-0%2C331%2C3357%2C2219_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Fed, la prudence d’un démineur

La banque centrale américaine, la Réserve fédérale (Fed), a relevé ses taux d’intérêt directeurs de 0,25 % en décembre 2015, mettant fin à « une ère exceptionnelle d’argent gratuit », comme l’a titré le journal économique Les Échos. Pouvoir emprunter à un taux aussi dérisoire n’est pas donné à tout le monde. Seules quelques grandes banques privées ont accès aux lignes de crédit de la Fed. Et elles ne s’en sont pas privées.

Illustration - Fed,  la prudence  d’un démineur

Dans la foulée de la crise financière de 2008, à un moment où l’ensemble du système bancaire américain et international était à deux doigts de l’effondrement, les grandes banques centrales, à commencer par la Fed, avaient abaissé leurs taux d’intérêt pour permettre aux grandes banques privées d’emprunter de l’argent quasiment gratuitement. Outre cet effondrement des taux d’intérêt, de 5 % à presque zéro en à peine une année, la Fed avait aussi lancé un programme d’achat des titres pourris qui a duré plusieurs années.

Au total près de 4 500 milliards de dollars, cinq fois plus qu’avant la crise des subprimes, ont été prêtés aux banques.

Mais qu’ont fait ces banques de cet argent ? Un capitaliste « n’est jamais aussi malheureux que lorsqu’il ne sait pas quoi faire de son argent », avait écrit Marx en son temps. Or, de nos jours, les capitalistes rechignent à investir dans la production. Et, à la recherche d’un placement rentable pour leurs capitaux, ils n’ont cessé d’alimenter diverses bulles spéculatives.

Depuis plusieurs décennies, la spéculation a ainsi pris une telle ampleur dans l’économie moderne que celle-ci est devenue une bombe à retardement pouvant exploser n’importe quand. Pour sauver les banques en 2008, les banques centrales n’ont eu d’autre solution que d’offrir à la finance des moyens de spéculer encore plus aujourd’hui. C’est pour tenter de réduire cette quantité d’argent faramineuse que la Fed a annoncé sa remontée des taux.

Mais vouloir dégonfler trop brutalement cette baudruche pourrait être en soi une source de panique financière, car les financiers se sont largement habitués à avoir recours à cet argent quasi gratuit. La Fed s’y est donc pris on ne peut plus précautionneusement, en annonçant il y a déjà plusieurs mois qu’elle allait remonter un tout petit peu ses taux. Après avoir renoncé à plusieurs reprises, elle s’y est finalement décidée le 16 décembre. Cette annonce, suffisamment attendue, n’a déclenché pour l’instant aucune panique boursière. Mais la Fed est très loin du compte. Beaucoup de financiers lui reprochent même d’avoir trop tardé.

Au-delà du parasitisme de la finance, la spéculation fait peser une menace constante sur l’économie mondiale. Le capitalisme, système par nature incontrôlable car non planifié, est plus instable que jamais.

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