Bahamas : un député appelle à torturer et tuer les migrants haïtiens20/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2477.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bahamas : un député appelle à torturer et tuer les migrants haïtiens

Cet article est extrait du journal Combat ouvrier du 16 janvier, publié par l’organisation trotskyste antillaise du même nom (UCI).

Le mois dernier, Wayne Munroe, un député bahamien, a proposé au gouvernement de son pays de torturer et tuer les Haïtiens qui vivent illégalement sur le territoire des Bahamas. Il a déclaré : « Si les immigrants illégaux, particulièrement les Haïtiens, savaient que nous allions les torturer et les tuer, ils ne viendraient pas. Flageller les gens peut paraître brutal [mais] ça va servir comme barrière physique et psychologique pour que les gens cessent de tenter d’entrer au pays illégalement. » On se demande comment, après de tels propos, cet homme peut conserver son statut de député et appeler au meurtre en toute liberté. Sa place devrait être en prison.

Ces propos xénophobes, racistes et barbares ont évidemment provoqué un scandale aux Bahamas, mais aussi en Haïti. L’ambassadeur d’Haïti aux Bahamas a publié une déclaration pour dénoncer et condamner les propos du député. Cette déclaration choquante fait suite à la politique que mène l’actuel gouvernement bahamien depuis 2014 pour soi-disant faire « la guerre à l’immigration ».

L’archipel des Bahamas, situé au nord de la Caraïbe, entre Cuba et les États-Unis, est composé de 700 îles. Cette ancienne colonie britannique est peuplée à 85 % de Noirs et de Métis descendants d’esclaves africains. Aujourd’hui, les Bahamas vivent de l’accueil des touristes, en particulier américains. Plus de 40 % des travailleurs sont dans le secteur touristique, parmi lesquels des travailleurs d’origine immigrée. Ce territoire est aussi connu pour être un paradis fiscal où les riches du monde entier cachent leur argent dans des banques pour échapper aux impôts de leur pays. Ces activités bancaires frauduleuses constituent une partie importante des revenus de l’État bahamien.

Comme ailleurs, les riches patrons profitent de la présence d’une main-d’œuvre immigrée bon marché qu’ils exploitent dans des conditions quasi esclavagistes. Les immigrés illégaux, sans papiers et sans autres ressources, n’ont pas d’autre choix que d’accepter ces conditions. Aux Bahamas, 18 % de la population est immigrée. Entre 20 000 et 50 000 Haïtiens vivent et travaillent sur le territoire bahamien.

En attaquant les immigrés, les politiciens comme Wayne Munroe cherchent à détourner l’attention de la population pauvre sur les immigrés pour couvrir la rapacité des riches milliardaires présents dans le pays ; quitte à appeler au meurtre d’autres êtres humains. Comme récemment à Saint-Domingue, cette politique risque de provoquer dans la population des lynchages spontanés d’immigrés haïtiens. Mais ça, les riches et leurs serviteurs politiques n’en n’ont rien à faire : tant que les affaires marchent c’est l’essentiel pour eux.

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