Dans le monde

Les truquages de l’administration pénitentiaire contre Mumia Abu-Jamal

Mumia Abu-Jamal, ancien membre des Black Panthers, est enfermé dans une prison de Pennsylvanie depuis 1982 pour le meurtre d’un policier qu’il n’a pas commis. Une campagne internationale a obtenu en 2011 que sa condamnation à mort soit commuée en prison à vie. Mais l’administration pénitentiaire de Pennsylvanie n’en a pas pour autant fini avec Mumia à qui depuis des mois, elle refuse un traitement pour l’hépatite C. Mumia et ses avocats ont riposté par une procédure judiciaire dont les audiences se sont déroulées en décembre dernier.

La première audience ne laissait aucun doute sur l’acharnement de l’administration pénitentiaire qui, dans cet État, refuse d’administrer aux détenus atteints de cette maladie un traitement coûteux que d’autres prisons américaines acceptent pourtant de fournir. Au-delà du cas de Mumia, des milliers de prisonniers de Pennsylvanie devraient pouvoir en bénéficier.

La troisième audience a choqué. Lors de l’audition du médecin-chef de la pénitentiaire, celui-ci a reconnu que le document présenté au juge par l’administration pénitentiaire et qui attestait la nécessité du traitement était bien signé de sa main. Mais il a déclaré qu’un paragraphe y avait été ajouté pour le dénier. Le document avait donc été truqué par l’administration pénitentiaire. L’avocat de l’administration n’a tenu aucun compte de l’avis du médecin, qui avait insisté pour qu’aucun faux ne soit présenté au juge. Un second document émanant de l’administration, prétendant que Mumia n’avait pas l’hépatite, était également falsifié.

Les défenseurs de Mumia ont dénoncé l’acharnement de l’administration pénitentiaire contre celui-ci qui, au lieu de subir toutes ces basses manœuvres, devrait être soigné et libéré depuis longtemps. On a appris aussi à cette occasion qu’en Pennsylvanie, il existe un protocole secret concernant le traitement de l’hépatite C. Pour l’essentiel, il ne propose de traiter la maladie que quand les chances de survie du malade sont très minces. Cinq prisonniers en auraient bénéficié. L’État de Penn­sylvanie est un champion de l’incarcération avec près de 53 000 prisonniers pour une population de 12,7 millions d’habitants, un taux quatre fois supérieur à celui de la France par exemple. Le racisme qui gangrène les États-Unis est bien présent puisque en 2010, 46 % des prisonniers de Pennsylvanie étaient des Noirs, alors qu’ils ne sont que 11 % de la population.

Il faut continuer à se battre contre ces manœuvres de l’administration visant Mumia mais aussi tous les prisonniers de cet État. On peut rappeler que le juge qui a condamné Mumia en 1982 avait déclaré publiquement qu’il « allait tout faire pour griller ce nègre »...

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