Le titre de son livre-programme annonce d’entrée la couleur : Pour un État fort. Et toutes ses propositions visent à peaufiner son image d’homme de droite partisan de l’ordre : construire 10 000 places de prison, rétablir les peines plancher, supprimer les peines de substitution. Et, cerise sur le gâteau, il se prononce en faveur du rétablissement de la loi Ciotti, qui permettait de suspendre les allocations familiales aux parents d’élèves absentéistes.

Si Juppé semble prendre ses distances d’avec la proposition de Hollande sur la déchéance de nationalité, jugeant son efficacité « faible, voire nulle », c’est pour déplorer dans la suite de l’interview qu’il n’y ait eu que huit déchéances prononcées jusqu’à présent et pour en réclamer davantage !

S’il prône une « identité heureuse », faisant ainsi mine de se démarquer des propos de Sarkozy sur l’identité nationale, Juppé opère le même amalgame répugnant que celui-ci et Le Pen entre insécurité et immigration. Comme ces derniers, il veut réformer l’espace Schengen, durcir les conditions du regroupement familial, autoriser le placement des familles, et donc des enfants, en rétention administrative, faire voter chaque année par le Parlement un plafond d’immigration légale et mettre en place un système par points pour l’attribution des titres de séjour, en gros une carte de séjour à points, comme le permis.

Pas de quoi s’étonner que le politicien de droite Juppé aille chercher ses propositions dans le programme du FN. Comme Sarkozy et Hollande, et pour les mêmes raisons qu’eux : s’il faut aller chercher des arguments à l’extrême droite pour être élu président, ils sont prêts à tout !