Leur société

Complémentaires santé obligatoires : un pactole pour les sociétés d’assurance

Depuis le 1er janvier, tous les salariés doivent bénéficier d’une complémentaire santé d’entreprise, financée pour moitié par leur employeur. Jusqu’à présent, plus de 4 millions de salariés, en particulier dans les TPE (les très petites entreprises), ne bénéficiaient pas de mutuelle d’entreprise, et 10 % de ces travailleurs n’avaient pas de mutuelle du tout.

Depuis des années, les gouvernements successifs, de droite et de gauche, ont tous diminué, de plus en plus, la part des frais de santé remboursés par la Sécurité sociale. Se soigner coûte donc de plus en plus cher, lorsqu’on n’a pas de mutuelle, et de plus en plus de gens y renoncent faute d’argent.

Pour un certain nombre de salariés, l’instauration de la complémentaire d’entreprise constituera sans doute un progrès, soit parce qu’ils n’en avaient pas auparavant, soit parce qu’ils seront ainsi mieux couverts. Mais cette mutuelle qui sera choisie par l’employeur ne conviendra pas forcément à tous. Beaucoup d’entreprises, en particulier les plus petites, ont visiblement choisi les mutuelles les moins chères possible, avec le minimum de remboursements imposé par la loi. Certains salariés, qui avaient déjà une mutuelle individuelle, seront moins bien couverts qu’avant. Ils pourront alors souscrire une « surcomplémentaire », mais celle-ci sera entièrement à leur charge, et l’ensemble risque de coûter plus cher. Par ailleurs, dans les entreprises qui ont choisi des mutuelles plus complètes, mais plus chères, certains salariés paieront plus qu’avec leur ancienne mutuelle.

D’autre part, la moitié de la mutuelle sera financée par l’employeur, qui sera exonéré de cotisations sociales supplémentaires. Mais pour le salarié, la part financée par le patron sera considérée comme un revenu imposable supplémentaire, ce qui fera augmenter l’impôt sur le revenu.

La loi a prévu le cas des travailleurs licenciés, des CDD, des intérimaires, mais pour tous les travailleurs, de plus en plus nombreux, qui alternent les mois de chômage avec des contrats de quelques jours ou de quelques mois, en CDD, en intérim, en passant d’une entreprise à l’autre, la situation risque d’être bien compliquée !

Selon des professionnels du secteur interrogés dans le journal Les Échos, la concurrence a été effrénée ces derniers mois entre les sociétés d’assurance. Beaucoup d’assureurs auraient réduit leurs tarifs afin de remporter les contrats, mais s’apprêteraient à les augmenter rapidement dans les prochaines années. Il faut bien mettre la main sur ce marché profitable qui leur est offert sur un plateau par le gouvernement. Mais la seule mesure juste serait la prise en charge sans restriction des soins par la Sécurité sociale, sans aucun besoin de ces complémentaires destinées à combler un peu ses failles, moyennant finances.

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