Alteo – Gardanne : un permis de polluer renouvelé06/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2475.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alteo – Gardanne : un permis de polluer renouvelé

Le 29 décembre, le préfet de la région PACA a autorisé l’entreprise de production d’alumine Alteo, près de Gardanne, à continuer à rejeter ses déchets en Méditerranée, au milieu d’un parc marin protégé, pendant une période de deux ans, renouvelable trois fois.

Cette usine, qui existe depuis la fin du 19e siècle, extrait de l’alumine à partir de la bauxite. Or cette opération rejette des boues rouges, c’est-à-dire des déchets chargés en fer, aluminium, arsenic et autres éléments métalliques. Cela n’a rien de nouveau puisque déjà en 1966, sous la pression de l’État, l’entreprise a été obligée de construire un conduit pour déverser ses déchets au large, à 8 kilomètres des côtes.

En 1996, elle s’était engagée à trouver une solution pour cesser tout rejet marin avant le 31 décembre 2015. En échange, elle avait été exonérée des taxes sur la pollution, soit environ 10 millions d’euros par an. Mais, durant ces vingt ans, la direction de l’entreprise s’est contentée d’investir dans des filtres qui lui permettent de rejeter des effluents liquides certes un peu moins pollués que les boues rouges, mais toujours toxiques. En outre, ces filtres ont été financés pour moitié par l’agence de l’eau, c’est-à-dire par l’État. Des études menées au printemps 2015 montrent des surconcentrations d’arsenic et de métaux lourds dans la chair de poissons pêchés dans la zone où Alteo rejette ses effluents. Quant aux rejets solides, Alteo se contente de les entasser désormais sur un terrain voisin de l’usine.

À l’approche de l’échéance du 31 décembre 2015, Alteo a fait un véritable chantage à l’emploi. Le préfet et derrière lui Manuel Valls se sont empressés d’y céder, passant outre les protestations de la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, qui s’était déclarée contre le renouvellement de l’autorisation.

Menacer de faire payer aux salariés les conséquences de la fin de ce régime d’exception est honteux. Rachetée en 2012 par un fonds d’investissement américain prospère, HIG, l’usine a appartenu auparavant aux trusts Pechiney puis Rio Tinto. Tous ces groupes ont dégagé des profits et la moindre des choses serait que les patrons passés et actuels assument les frais du traitement des déchets de production et, dans l’immédiat, le coût des amendes pour pollution. Mais ce n’est sûrement pas du gouvernement que l’on peut attendre la moindre contrainte dans ce sens.

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