Ukraine : leur traité européen d’association-pillage29/12/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/12/ukraine_p_6.jpg.420x236_q85_box-0%2C33%2C640%2C393_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : leur traité européen d’association-pillage

Le 1er janvier, entre en vigueur le traité d’association de l’Ukraine à l’Union européenne. Fin 2013, le président Ianoukovitch avait, en rejetant ce traité, déclenché la mobilisation du Maïdan. Elle avait entraîné son renversement par une coalition de courants allant des pro-occidentaux aux nationalistes d’extrême droite. Depuis, leurs rivalités ont encore affaibli le pouvoir central qui, n’ayant pu empêcher le rattachement de la Crimée à la Russie, s’avère impuissant à venir à bout de la sécession de l’Est industriel. Cela, malgré l’aide occidentale dans une guerre qui a déjà fait près de 10 000 morts.

Illustration - leur traité européen d’association-pillage

Bien que liés historiquement et économiquement à la Russie, nombre de bureaucrates-affairistes, les oligarques, et de privilégiés de moindre envergure du régime précédent avaient fini par se tourner vers l’Occident. Ils escomptaient ainsi élargir leurs perspectives d’enrichissement, car la Russie ne laissait guère de place à une Ukraine moins puissante dans le monde post-soviétique des affaires. Surtout depuis que, frappés par la crise mondiale, les milieux dirigeants russes peinent à s’assurer de nouvelles sources de revenus.

Libre-échange et échange inégal

Voyant là une chance d’avancer ses pions sur l’échiquier de l’ex-URSS, Bruxelles proposa une association à Kiev. Mais ce traité ne vaut pas promesse d’adhésion : les États qui dominent l’Europe n’en ont nul besoin. Ils veulent juste assurer la libre circulation de leurs marchandises dans ce pays. Car, avec une Ukraine au bord de la faillite, et dont le produit intérieur a reculé de 11 % en 2015, ce traité ne peut s’exercer qu’à sens unique : les produits européens vont inonder son marché, pour autant qu’il y ait des clients ayant les moyens de les acheter. Alors qu’elle va perdre des positions à domicile, l’Ukraine voit en outre se fermer ses débouchés à l’est. En effet Moscou soumet ses produits alimentaires à un embargo et ses autres productions à des droits de douane dont elles étaient jusqu’alors exemptées.

Tout cela ruinera un peu plus l’Ukraine, mais permettra à des firmes occidentales d’y acheter à vil prix des terres, commerces, usines, ports, etc.

En échange, si l’on ose dire, elle a le droit de vendre à l’Ouest ce qu’elle produit, de plus en plus sous contrôle de capitaux étrangers ayant trouvé là une main-d’œuvre payée cinq à dix fois moins qu’en France ou en Allemagne ! L’économie locale fonctionnant déjà ainsi en partie, le traité va institutionnaliser cet état de fait.

Malgré les illusions de certains, la population n’y gagnera rien, sinon une nouvelle dégradation de son niveau de vie.

Des nantis y laisseront-ils des plumes, tant sont grands la disproportion des forces en présence et le retard technologique des industries qu’ils ont accaparées ? En tout cas, ces parasites espèrent que l’ouverture à l’Ouest leur procurera plus d’occasions de trafiquer ce qu’ils volent. Et puis, les États impérialistes, qui ont besoin de maintenir leur ordre dans le pays, sont prêts à y mettre le prix. À preuve : depuis deux ans, ils tiennent à bout de bras l’appareil d’État ukrainien, ses finances et ses politiciens corrompus (fin décembre, 88 % des Ukrainiens interrogés par un sondage disaient leur État corrompu de haut en bas).

Leurs « réformes »

C’est cet État en décomposition que Bruxelles et Washington ont chargé de promouvoir des réformes censées mettre l’Ukraine aux normes d’un État dit démocratique.

La chose serait dérisoire si sa mise en application n’était dramatique pour la population. Voici comment, cet été, le Premier ministre ukrainien a décrit dans Le Monde les mesures déjà prises : « Nous avons renvoyé (…) 10 % des fonctionnaires et allons en renvoyer 20 % cette année. Nous avons gelé les salaires et les retraites. Nous avons multiplié par six les tarifs des services » : eau, gaz, électricité, etc. Et ce n’est pas fini. Le budget 2016 sabre les dépenses sociales, alourdit les taxes sur le tabac, l’alcool, les carburants. C’étaient les conditions mises par le FMI pour accorder une nouvelle tranche de crédits à Kiev. N’en faisant pas partie, l’impôt sur la fortune reste à 5 %... de ce que les riches n’ont pas placé dans les paradis fiscaux.

Comment vivent les travailleurs, avec de maigres revenus bloqués alors que l’inflation atteint 50 % en 2015 ? C’est le cadet des soucis des Porochenko et consorts. Comme des dirigeants français, allemands, britanniques ou américains qui s’appuient sur eux.

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