Dans le monde

Les dirigeants ukrainiens à l’œuvre

Que les dirigeants ukrainiens viennent d’interdire le Parti communiste, pourtant bien peu contestataire, alors qu’ils fêtent les « héros nationaux » anticommunistes, antisémites et collaborateurs des nazis durant la Seconde Guerre mondiale, n’émeut nullement leurs parrains occidentaux. Après tout, pour eux, c’est dans l’ordre des choses.

Tout aussi significatif est ce qu’ont récemment montré les réseaux sociaux et la télévision : des députés, soutenant les uns le président Porochenko, les autres le Premier ministre Iatseniouk, se battaient en plein Parlement en s’accusant mutuellement de corruption. La chose est courante. Ce qui l’est moins, c’est qu’un Premier ministre se fasse éjecter de la tribune devant les caméras.

L’affaire a rebondi en Conseil des ministres. Sur fond de luttes d’influence et de corruption autour de la privatisation des ports, qu’exigent l’Europe et le FMI, le gouverneur de la région d’Odessa, qui abrite le principal port du pays, Saakachvili, a reçu un verre lancé en pleine figure par le ministre de l’Intérieur. Et l’agresseur d’ajouter que, si son adversaire n’était pas content, « il n’avait qu’à retourner chez lui ».

Le voudrait-il qu’il ne le pourrait pas. Poulain de Washington du temps où il présidait la Géorgie, Saakachvili a renoncé à sa nationalité après avoir perdu le pouvoir. Et, même muni d’un passeport ukrainien, depuis que Porochenko l’emploie comme expert en réformes estampillées OTAN, il se garde d’aller en Géorgie, où la justice le réclame dans des affaires de corruption et de meurtre.

Les turpitudes des gens du pouvoir frappent aussi les régions. Les oligarques s’y étaient taillé des fiefs sous Ianoukovitch. Depuis, ils ont renforcé leur autonomie à l’égard du pouvoir central en s’appuyant sur de petites armées qu’ils financent, dont les bandes néo-nazies de Pravyi Sektor. C’est le cas de Kolomoïski, oligarque-mafieux devenu gouverneur d’une des plus riches régions. Ayant fini par fuir en Occident, où sa fortune l’a jusqu’à présent protégé de poursuites, il accuse de corruption Saakachvili, et par ricochet celui qui le protège, Porochenko.

Présidant l’Ukraine et un petit empire dans la confiserie industrielle, Porochenko vient d’enregistrer son groupe au Panama. A-t-il si peu confiance dans l’avenir de son régime qu’il a tenu à placer sa fortune hors d’atteinte ?

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