Espagne : en Catalogne, des politiciens bien dépendants29/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2474.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : en Catalogne, des politiciens bien dépendants

Trois mois après les élections au Parlement régional de Catalogne, marquées par le succès des partis indépendantistes qui avaient totalisé un peu plus de 47 % des voix, la mise en place du Parlement catalan tourne en rond.

En effet, pour être réélu, le président sortant Artur Mas, politicien réactionnaire et corrompu s’il en fut, n’a pas seulement besoin des voix des partis regroupés dans la coalition Junts pel Si (Ensemble pour le oui) qui le soutient. Il lui faut obtenir aussi qu’au moins dix élus de la CUP (Candidature d’unité populaire)se prononcent pour lui ou s’abstiennent. Or jusqu’à présent la CUP, qui se dit anticapitaliste, accepterait de voter pour un politicien indépendantiste de droite, mais pas pour Artur Mas, le président sortant, compromis dans des affaires et responsable, autant que le gouvernement de Madrid, de la politique d’austérité subie par les classes populaires en Catalogne comme dans le reste de l’Espagne. Mas, lui ne cesse de répéter depuis le début qu’il ne cédera pas sa place.

Or le temps commence à presser, car le calendrier institutionnel impose que le président de la Généralité soit élu au plus tard le 9 janvier 2016, faute de quoi il faudra procéder à de nouvelles élections régionales qui risquent d’être moins favorables aux indépendantistes, en particulier aux indépendantistes anticapitalistes. En effet ceux-ci risquent d’être concurrencés par une possible coalition de Podemos avec le mouvement d’Ada Colau, élue maire de Barcelone et dont la popularité est réelle.

Ces calculs politiciens des dirigeants de la CUP, à qui une partie de sa base ne pardonnerait pas de faire perdre la région aux indépendantistes, tandis qu’une autre refuse tout appui à Mas, ont été au cœur d’une sombre confrontation lors d’un congrès spécial concernant précisément l’élection du président de la Généralité. Faute d’une majorité nette, les 3 500 membres présents à ce congrès ont dû voter à trois reprises. Mais même la dernière n’était pas la bonne, puisque ce vote a montré les deux camps à égalité. Il faudra donc recommencer le samedi 2 janvier et, si aucun accord miraculeux n’est trouvé, de nouvelles élections au Parlement catalan seront automatiquement convoquées pour le 10 mars.

Les partis indépendantistes craignent de payer le prix de leur échec à résoudre leurs conflits.

Cet épisode est du même ressort que les multiples péripéties qui, depuis les élections générales du 20 décembre, marquent déjà les alliances et les pactes que concoctent les différents partis pour constituer un gouvernement au niveau de l’ensemble de l’État espagnol. En tout cas, les comportements des politiciens protagonistes de ces événements montrent à quel point leurs motivations n’ont rien à voir avec les problèmes des classes populaires.

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