Ajaccio : le racisme et la xénophobie à l’œuvre29/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2474.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ajaccio : le racisme et la xénophobie à l’œuvre

À Ajaccio, dans le quartier populaire et immigré des Jardins de l’Empereur, un camion de pompiers a été pris dans un guet-apens la nuit de Noël. Deux pompiers et un policier ont été blessés.

À la suite de cet acte scandaleux, une manifestation s’est déroulée le vendredi suivant devant la préfecture, au cours de laquelle 200 à 300 personnes se sont détachées pour s’en prendre aux habitants des Jardins de l’Empereur. Des manifestants ont saccagé une salle de prière musulmane et tenté de brûler des livres religieux, avant de s’en prendre à un restaurant kebab, aux cris de : « On est chez nous », « Les Arabes dehors ». Malgré l’interdiction de manifester dans ce quartier mise en place par le préfet de Corse, de nouvelles manifestations hostiles aux habitants du quartier ont continué les jours suivants.

Les manifestants continuent à s’en prendre, verbalement désormais, aux musulmans du quartier, tenus pour responsables collectivement d’un acte perpétré par des voyous. L’attaque contre les pompiers a ainsi servi de prétexte à l’expression ouverte de quelques racistes dont on peut sérieusement penser qu’ils avaient des motivations politiques.

Ceux qui ont aussi manifesté et attaqué le centre de prière musulman l’ont fait derrière des drapeaux nationalistes corses. L’idéologie nationaliste, qu’elle soit corse ou autre, n’est pas le meilleur moyen de se démarquer des racistes, bien au contraire, même si les dirigeants nationalistes corses ont clairement dénoncé les méfaits et les exactions des manifestants antimusulmans.

Mais ces actes ne sont nullement l’apanage de la Corse. Dans l’ensemble de la France, ils ont triplé au premier semestre 2015, par rapport à l’an dernier. Cette montée de la violence raciste est alimentée par les discours réactionnaires dont les politiciens sont les premiers responsables. Ceux du FN le sont, bien entendu, dont le racisme et l’intolérance sont le fonds de commerce. Mais le FN est loin d’être le seul à faire l’amalgame entre immigration, islam et criminalité. Ceux de droite qui ne cessent de multiplier les déclarations fracassantes sur la France ou la « race blanche », et autres insanités de la même eau, participent aussi à cette montée raciste. On les a vus dénoncer avec virulence les actes contre les pompiers, mais n’avoir aucun mot de critique contre ceux qui ont brûlé le lieu de culte musulman. Mais Hollande, Valls et nombre de notables socialistes ne sont pas non plus en reste.

Les manifestations racistes et xénophobes d’Ajaccio sont inacceptables. Elles montrent aussi qu’un certain nombre d’éléments d’extrême droite se sentent assez encouragés par le climat actuel pour passer à l’acte. Cela pourrait se retourner contre tous les travailleurs.

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