Dans les entreprises

PSA – Mulhouse : une mort insupportable

Mercredi 16 décembre, un ouvrier est mort sur un des parkings de l’usine PSA de Mulhouse, devant l’atelier du montage où il travaillait.

Rémy avait terminé sa nuit de travail à la chaîne vers 4 heures du matin et, pour une raison encore inconnue, après une chute ou un malaise, il était au sol lorsque la voiture d’un salarié qui quittait l’usine lui est passée dessus. Il est décédé peu de temps après.

Très vite, la nouvelle s’est propagée parmi les travailleurs de l’équipe du matin qui commencent à 5 h 15 et cela a été un choc. Beaucoup mettaient en cause le manque total d’éclairage sur les parkings où ils garent leur voiture, problème qui a été de nombreuses fois remonté à la direction après des accidents, sans que celle-ci fasse quoi que ce soit… Il est d’ailleurs significatif que les seuls parkings parfaitement éclairés à l’usine soient ceux des parcs de voitures neuves.

Mais au-delà de cette absence d’éclairage, il y a le fait que cet accident mortel est intervenu à la fin d’une nuit de travail, un horaire particulièrement éprouvant pour tous ceux qui le connaissent. Rémy travaillait depuis près de vingt-six ans à l’usine, toujours à la chaîne, sur des postes difficiles. Veuf, il travaillait de nuit pour gagner un peu plus, et pour être présent la journée pour son fils de 17 ans. Il faisait partie de ces travailleurs qui n’acceptent pas les injustices, et militait à sa façon autour de lui contre les mauvais coups du patron.

Dès l’après-midi du drame, dans une réunion entre les syndicats et la direction, cette dernière a immédiatement minimisé les problèmes d’éclairage, essayant de ne pas reconnaître ses responsabilités, dans ce qui doit être reconnu comme un accident mortel du travail.

On ne peut vraiment pas compter sur la direction pour assurer la sécurité. Ainsi, il y a une quinzaine de jours, dans l’atelier de forge, un carter de presse de 200 kilos est tombé sur un ouvrier qui travaillait devant la machine : il a eu trois vertèbres cervicales fracturées. Cette installation n’avait pas été contrôlée depuis 2011.

Dans cette affaire, la réaction de la direction a été odieuse. Elle a affirmé à la famille qu’elle ne participerait pas aux frais d’obsèques. Et vendredi 18 décembre, alors que la CGT annonçait dans un tract qu’elle organiserait une collecte de solidarité le lundi suivant, en rendant public le fait que le patron ne mettrait pas un centime pour l’enterrement, la direction répondait par un communiqué qui devait être lu par tous les chefs d’équipe à la prise de poste. Elle accusait le syndicat de « tenter d’exploiter, à des fins polémiques, des circonstances dramatiques du décès d’un collaborateur », ajoutant que l’heure était au « recueillement et au partage de la douleur » et que la direction mettait en œuvre « les conditions d’accompagnement social, humain et financier pour assister la famille de la victime ».

Cette tentative du patron pour essayer de déconsidérer la solidarité ouvrière a fait long feu : lundi 21 décembre, alors qu’une partie de l’usine était déjà en congé, 3 000 euros ont été versés à cette collecte pour aider financièrement la famille de Rémy.

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