Arabie saoudite : des femmes et un poète face à l’obscurantisme16/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2472.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Arabie saoudite : des femmes et un poète face à l’obscurantisme

La dictature saoudienne vient d’organiser des élections municipales. Ce scrutin – le seul existant dans le pays, et seulement depuis 2005 – a pour la première fois été ouvert aux femmes, non seulement en tant qu’électrices mais aussi en tant que candidates.

Sur 16 000 candidats, 900 étaient donc des femmes et, selon des sources saoudiennes, une vingtaine auraient été élues. Le rôle de ces élus est d’ailleurs plus que restreint, d’autant que seuls deux tiers des 3 000 conseillers des maires sont élus, le tiers restant étant nommé, comme les maires, par le pouvoir. Cela explique sans doute que 10 % seulement des Saoudiens se soient inscrits sur les listes électorales, les étrangers (un tiers des 30 millions d’habitants) n’ayant pas le droit de vote.

Ce fait est cependant symbolique, non d’une libéralisation du régime, mais du combat que doivent mener les Saoudiennes pour obtenir un minimum de droits. Les femmes restent, dans ce royaume aux mains de la dynastie al-Saoud, des mineures perpétuelles. N’ayant pas droit à une carte d’identité personnelle, elles se sont vu objecter qu’elles ne pouvaient pas être identifiées au bureau de vote, auquel d’ailleurs elles ne peuvent se rendre qu’accompagnées d’un homme de leur famille ou d’un chauffeur. Elles sont toujours passibles de graves punitions si elles conduisent elles-mêmes et ne peuvent se rendre dans les restaurants et les centres commerciaux qu’à des horaires précis, où les hommes seuls ne sont pas admis. Dans les classes riches, elles sont nombreuses à être inscrites à l’université, peuvent même être chef d’entreprise, mais ne peuvent s’adresser à leurs collaborateurs masculins que par l’intermédiaire d’un porte-parole.

Au même moment, Ashraf Fayadh, un artiste palestinien vivant au royaume saoudien, connu pour avoir participé à des manifestations culturelles internationales, est condamné à mort. Après le blogueur Raef Badaoui, toujours emprisonné, l’artiste s’est vu reprocher l’inspiration athée de ses poèmes. Une campagne sur Internet s’organise pour exiger sa libération, mais on attend toujours une prise de position du gouvernement français en sa faveur, ou même de l’ancien ministre PS de la Culture Jack Lang qui prétend que « l’Arabie saoudite d’aujourd’hui n’est pas celle d’il y a vingt ans ». Face aux 10 milliards de contrats négociés à Ryad il y a deux mois au profit de 200 patrons français, que pèse la vie d’un poète ?

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