État d’urgence : un moyen d’empêcher toute contestation09/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2471.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

État d’urgence : un moyen d’empêcher toute contestation

Alors que l’état d’urgence est en vigueur depuis bientôt un mois, se multiplient les dénonciations devant les abus constatés.

Mardi 1er décembre, près de la place de la Bastille à Paris, un groupe de jeunes écologistes dont l’un jouait du tambourin et l’autre de l’harmonica ont vu débarquer sept cars de CRS en armes pour les contrôler. Dans la périphérie de Lyon, des parents ont protesté contre la mise en place de fouilles et de palpations des élèves à l’entrée d’une maternelle. De nombreux rassemblements ont aussi été interdits comme les manifestations de soutien aux migrants ou encore les protestations contre la COP 21. Celle du 29 novembre place de la République à Paris a été encerclée par les CRS. Parmi les manifestants, gazés et jetés à terre, 317 ont été gardés à vue.

À ces démonstrations de force policière s’ajoutent des perquisitions brutales. Les policiers n’hésitent pas à pénétrer dans des appartements en pleine nuit, à coups de bélier, encagoulés et fusil d’assaut en main, menottant les parents devant leurs enfants. Après avoir renversé les étagères et lacéré des clic-clac ou des matelas, ils repartent ensuite sans plus se soucier des locataires encore hagards se retrouvant avec une porte défoncée.

À ces milliers de perquisitions s’ajoutent plus de trois cents assignations à résidence. Elles ne concernent pas seulement des gens soupçonnés de liens avec des réseaux terroristes, mais aussi de simples militants opposés à la politique actuelle du gouvernement. L’assignation à résidence entraîne l’impossibilité de maintenir son activité professionnelle et parfois la perte de son emploi. Même le simple fait d’amener les enfants à l’école est rendu impossible par l’obligation de pointer deux, trois, voire quatre fois par jour au commissariat central loin de son domicile.

La multiplication des protestations a obligé le ministre de l’Intérieur à envoyer une circulaire aux préfets, rappelant que l’état d’urgence ne signifiait pas la fin des règles du droit. Elle précise notamment que « dans un premier temps et dans toute la mesure du possible, l’ouverture volontaire de la porte doit être recherchée », une reconnaissance quasi officielle des brutalités policières.

Si l’état d’urgence ne permet pas d’arrêter les terroristes, dès aujourd’hui il sert à empêcher que se manifeste dans la rue toute opposition à la politique du gouvernement voire du patronat.

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