Leur société

Mixité sociale à l’école : Vallaud-Belkacem, ministre des effets d’annonce

La ministre de l’Éducation nationale vient d’annoncer qu’à la rentrée scolaire prochaine des expérimentations seront faites dans une cinquantaine de collèges, sur 17 départements, pour « renforcer la mixité sociale dans les collèges ». Il s’agit, d’après la ministre, de trouver des moyens adéquats pour convaincre les parents les moins démunis de laisser leurs enfants dans des collèges des quartiers populaires.

Les mesures envisagées sont aussi compliquées qu’illusoires. Cela va de dessiner la carte scolaire en fonction des lignes de bus jusqu’à inciter les parents à inscrire leurs enfants dans les collèges difficiles, en leur promettant que les enfants seront en classe avec leurs copains.

Tout le monde sait très bien que les parents les plus privilégiés n’habitent pas les quartiers populaires et que ceux d’entre eux qui y vivent ont mille et un moyens d’échapper à la carte scolaire quand ils ne veulent pas que leurs enfants fréquentent ces établissements difficiles. Cette situation transforme effectivement bien des collèges des quartiers populaires en ghettos où se concentre une majorité d’élèves en difficulté, et cela ne favorise pas l’acquisition de connaissances et l’épanouissement des enfants. Mais il faut une bonne dose de cynisme et d’hypocrisie pour vouloir faire croire que le problème se résume à une question de mixité sociale et scolaire.

S’il n’y a pas de mixité scolaire dans ces établissements, ce n’est pas à cause d’une carte scolaire mal établie. Le chômage et la misère montent, ravageant de plus en plus les quartiers populaires en question. La crise économique et la politique patronale aggravent la pauvreté et ce sont d’abord les quartiers périphériques qui ressemblent de plus en plus à des ghettos. Dans ces conditions, l’école ne peut pas pallier le désastre qui frappe la société.

En revanche, l’État pourrait au moins compenser cette accentuation des inégalités sociales en donnant le maximum de moyens aux collèges où les enfants, subissant de plein fouet la situation difficile de leurs parents, ont du mal à suivre une scolarité satisfaisante. Au lieu de cela, le gouvernement, comme son prédécesseur, continue à refuser de leur consacrer les sommes nécessaires. Du coup, la ministre, incapable de répondre aux manques de l’école, remplace les moyens par des discours sur la mixité scolaire. La belle affaire !

Personne ne peut être contre empêcher la ségrégation sociale. Mais quand des enfants n’arrivent pas à suivre en classe parce qu’ils n’ont pas acquis les bases indispensables, parce que parfois ils ont tout simplement faim, parce qu’ils n’ont pas appris à faire leur cartable et à avoir leurs affaires, ou encore parce que leur situation familiale les empêche de se sentir suffisamment sereins pour écouter les cours, en quoi une plus grande mixité scolaire règlera-t-elle leur problème ? La ministre fait du vent pour cacher la triste réalité : l’éducation des enfants des quartiers populaires est sacrifiée car le gouvernement consacre tous les moyens de l’État à défendre les profits des actionnaires et des banques.

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