Maroc : les factures d’électricité explosent11/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2467.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : les factures d’électricité explosent

Plus de 15 000 habitants de Tanger ont encore manifesté leur colère, samedi 31 octobre et samedi 7 novembre, contre l’opérateur privé Amendis, filiale de Veolia Water, qui gère depuis 2002 la distribution d’eau et d’électricité, ainsi que l’assainissement des eaux usées dans la ville. Ils avaient déjà protesté les deux samedis précédents, se heurtant aux forces de police.

Les témoignages abondent venant d’habitants des quartiers populaires, indignés après avoir reçu des factures mensuelles d’eau et d’électricité de plusieurs centaines, voire de milliers de ­dirhams, alors que le smic du secteur privé est d’environ 2 400 Dh, soit 220 euros. Ils ne veulent plus être volés par cette entreprise dont les bénéfices n’ont cessé d’augmenter et qui a distribué 353 millions de dirhams de dividendes aux actionnaires en douze ans d’exercice à Tanger et à Tétouan.

Plus généralement, au Maroc, le processus de privatisation de l’eau et de l’électricité est en cours et concerne aujourd’hui quatre villes, dont deux des plus peuplées du pays. La distribution de l’eau par les entreprises privées touche 36 % de la population qui y a accès, et le pourcentage est de 25 % en ce qui concerne l’électricité.

Samedi 17 octobre, la protestation initiée dans les réseaux sociaux avait plongé plusieurs quartiers populaires dans le noir pendant deux heures, les habitants s’éclairant uniquement avec des bougies, et avait mobilisé plusieurs centaines de manifestants. Samedi 24 octobre, une partie de la ville était de nouveau sans éclairage électrique et la manifestation avait rassemblé près de 15 000 personnes au centre-ville, qui criaient des slogans comme « Tanger n’est pas Paris », « Amendis dégage ».

La réponse a d’abord été d’envoyer la police casquée et les canons à eau, et d’arrêter des manifestants, mais devant la montée de la protestation, qui gagnait petit à petit la ville voisine de Tétouan, elle-même gérée par Amendis et dont les usagers rencontrent les mêmes difficultés, le ministère de l’Intérieur a déclaré qu’Amendis devait afficher plus de clarté sur le mode de gestion des factures. La population, qui se méfie à juste titre de cette langue de bois, s’est de nouveau fait entendre, aussi nombreuse, samedi 31 octobre.

Samedi 7 novembre, une nouvelle manifestation a été largement suivie, y compris dans les villes de Tétouan, Assilah et Fnideq. Une série de mesures, dont la baisse immédiate des factures contestées ou bien l’arrêt des coupures d’eau ou d’électricité lors d’impayés, sont annoncées. Du côté des manifestants, la preuve est faite que, depuis qu’ils se mobilisent, les choses bougent. Ils comptent bien maintenir la pression car ce qu’ils réclament c’est qu’Amendis dégage !

Partager