Les régions : vaches à lait du patronat11/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2467.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les régions : vaches à lait du patronat

Bien que les conseils régionaux n’aient que des pouvoirs et des moyens limités pour faire face à des responsabilités croissantes, leurs budgets sont loin d’être négligés par le patronat.

Les 28 milliards d’euros de dépenses des régions sont dilapidés au profit de la bourgeoisie à travers de multiples canaux, souvent entrelacés avec ceux de l’État, des collectivités territoriales et de l’Union européenne.

Les contrats lucratifs sont accaparés par de grandes entreprises du bâtiment qui récupèrent les marchés de la construction et de l’entretien des lycées, ou bien des gares du Grand Paris en Île-de-France, faisant grimper en flèche les prix du foncier alentour et la valeur spéculative des projets immobiliers.

Les aides et subventions fleurissent sous prétexte de « création d’un environnement favorable à l’innovation » ou « d’amélioration de la compétitivité ». L’argent va souvent à des groupes de taille mondiale. En Aquitaine, le conseil régional distribue 20 millions d’euros par an à la seule filière aéronautique. Pour la modernisation de l’usine Turboméca dans les Pyrénées-Atlantiques, il a lâché 35 millions d’euros. L’usine appartient pourtant au groupe Safran qui a fait 1,3 milliard de bénéfices l’an dernier.

Pour justifier ces largesses, les exécutifs régionaux prétendent parfois favoriser des « acteurs locaux », mais ce sont en général des sous-traitants sous la coupe des trusts comme Epsilon Composites en Gironde travaillant pour Airbus, ou encore Isorg en Limousin fournissant des capteurs d’image à Dassault.

Les dirigeants des conseils régionaux, presque tous socialistes, sont prêts à se plier en quatre pour répondre aux volontés des capitalistes. En Bretagne, le PDG de PSA, Tavares, avait à peine émis le désir de vendre des terrains autour de l’usine de Rennes que la région rachetait 52 hectares pour 13 millions d’euros.

Ces aides vont à des entreprises faisant des bénéfices, et qui en plus licencient. Dans la région Pays-de-la-Loire, l’usine Michelin de Cholet a touché 500 000 euros alors que les effectifs diminuent. STMicroelectronics en Rhône-Alpes a reçu 25 millions d’euros alors qu’il prépare près de 1 000 suppressions de postes. Et c’est sans parler des « entrepreneurs » spécialisés dans la chasse aux primes, mettant ensuite la clé sous la porte, pour aller recommencer leurs détournements de fonds ailleurs. Les repreneurs d’Heuliez en Poitou-Charentes ont touché 5 millions d’euros d’aides et ont ensuite fermé le site. Dans le Nord-Pas-de-Calais et Picardie, l’entreprise Sambre et Meuse près de Maubeuge a reçu 3,5 millions d’euros « d’avance remboursable » et 2 millions supplémentaires sous forme de taux très avantageux, pour ensuite mettre la clef sous la porte.

Les aides des régions s’ajoutent à toutes celles dont bénéficient les entreprises directement par l’État. Elles viennent engraisser un patronat toujours plus assisté. Ce sont des dizaines de milliards d’euros qui pourraient servir à financer des services utiles à la population, et à créer directement des emplois.

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