Dans le monde

Brésil : Patrons et tortionnaires main dans la main

Un reportage de Canal Plus, dimanche 8 novembre, est venu rappeler que, de 1964 à 1984, l’entreprise automobile Volkswagen a collaboré étroitement avec la dictature brésilienne pour réprimer les militants et la classe ouvrière.

Au Brésil, où le groupe est présent depuis soixante ans, les confédérations syndicales, des collectifs ouvriers et les « commissions de la vérité » mises en place en 2012 pour faire la lumière sur les crimes de la dictature ont porté plainte contre lui et réclament réparation pour les victimes et leurs familles.

L’instauration de la dictature militaire en mars 1964 visait entre autres à faire taire les revendications ouvrières et à mettre au pas le mouvement syndical. C’était pain bénit pour les patrons, qui purent écraser les salaires et renforcer l’exploitation. Et lorsque, après 1968, se mirent en place à grande échelle des centres de torture, les officines paramilitaires et les escadrons de la mort, ils n’hésitèrent pas à livrer à la répression les militants les gênant ou risquant de les gêner.

Volkswagen ne fut pas le seul groupe à agir ainsi, mais il le fit largement, donnant à la police des listes de suspects, des dossiers sur les militants, organisant l’espionnage à l’intérieur de l’usine, fournissant argent et voitures aux groupes de répression officiels et officieux, allant jusqu’à permettre arrestations et tortures dans ses locaux. Encore en 1980, lorsque la dictature s’était atténuée, la direction de l’entreprise donna à la police militaire 436 noms de participants à une grève qui avait duré 41 jours.

L’État brésilien a déjà indemnisé ceux que les « commissions de la vérité » avaient reconnus comme victimes de la dictature, y compris pour des préjudices à leur carrière professionnelle et au salaire. Mais ce serait la moindre des choses que les entreprises qui, comme Volkswagen, ont alimenté la répression et en ont tiré profit, paient pour leurs méfaits. Pour cela il ne faut pas trop compter sur la loi d’amnistie que la dictature a elle-même promulguée en 1979, permettant le retour au pouvoir des civils mais visant principalement à couvrir ses crimes.

Pour faire toute la clarté sur les crimes et les criminels de l’époque, on ne peut pas compter non plus sur le Parti des travailleurs et ses alliés au gouvernement aujourd’hui. Même lorsque, comme la présidente Dilma Rousseff, ils ont été personnellement victimes des tortionnaires, ils respectent trop l’armée, la police et l’appareil d’État de la bourgeoisie pour seulement oser leur demander des comptes.

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