Réfugiés : l’Europe offre... des camps !30/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2461.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Réfugiés : l’Europe offre... des camps !

Lors de leur dernier sommet, le 23 septembre, les dirigeants européens ont annoncé qu’ils allaient débloquer plus d’un milliard d’euros pour aider les réfugiés dans les pays voisins de la Syrie. En fait, il s’agit surtout d’aider les agences de l’ONU – notamment le haut-commissariat aux Réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM) – gérant les camps de réfugiés à éviter que les hommes, les femmes et les enfants qui s’y entassent ne fuient vers l’Europe.

Or ces dernières années les dirigeants des grandes puissances, principaux bailleurs de ces agences, n’ont cessé de diminuer leur budget, tandis que le nombre de réfugiés, lui, explosait.

Le PAM vient ainsi de cesser de distribuer des rations alimentaires à 230 000 personnes en Jordanie. Au Liban, où un habitant sur quatre est un réfugié, les coupons d’aide alimentaire sont passés de 25 euros par mois à 12 euros, soit 40 centimes par jour. Après avoir contribué à détruire leurs pays, les puissances impérialistes n’ont à offrir à ceux qui fuient une guerre atroce que des camps de fortune, sous des tentes, où même les besoins élémentaires ne sont pas satisfaits, au point que la faim est devenue un des principaux problèmes.

Évidemment, quand ils le peuvent, les réfugiés syriens, irakiens ou autres quittent ces camps pour tenter de rejoindre l’Europe par tous les moyens. La prétendue aide de l’Union européenne n’est qu’un moyen d’éviter qu’ils le fassent. Hollande l’expliquait d’ailleurs crûment à la sortie du sommet : « C’est aussi un argent qu’il n’y aura pas à dépenser autrement, parce que si ces réfugiés viennent dans notre pays (…) nous savons que cela aurait des conséquences également financières. »

D’ailleurs, le deuxième volet des décisions prises à ce sommet consiste à renforcer le contrôle et le tri des migrants aux frontières de l’Union européenne. Il est prévu d’augmenter les moyens des agences européennes chargées du contrôle et surtout de créer, d’ici fin novembre, de nouveaux camps, baptisés « hotspots », chargés de trier les migrants pour décider qui pourra rester et qui sera renvoyé.

Après avoir fui un pays en guerre, risqué leur vie en traversant plusieurs pays dans des conditions épouvantables, les réfugiés devront prouver qu’ils ont de bonnes raisons d’être là et qu’ils ne sont pas des « migrants économiques ». Comme si ceux qui fuient la misère dans un pays qui n’est pas en guerre n’avaient pas le droit d’aspirer eux aussi à une autre vie. Voilà l’aide à laquelle voudraient pouvoir se limiter les dirigeants européens : des camps, et si possible loin de l’Europe.

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