La férocité du plan des créanciers15/07/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/07/IMG_001.jpg.420x236_q85_box-0%2C346%2C850%2C824_crop_detail.jpg

Dans le monde

La férocité du plan des créanciers

« La liste des demandes de l’Eurogroupe est une folie », a déclaré le prix Nobel d’économie Paul Krugman. Même ceux qui se font habituellement les relais des créanciers n’ont pu que constater que « le plan de réformes accepté par la Grèce aura un effet récessif », comme l’a écrit le journal Les Échos.

Illustration - La férocité du plan des créanciers

En effet, avant même toute discussion sur la possibilité d’avoir accès à un nouveau crédit, le gouvernement grec doit faire voter par son parlement dès le 15 juillet et avant le 22 juillet une première série de mesures d’austérité. La TVA devrait être montée à 23 % pour la plupart des produits. Le taux réduit à 13 % concernerait l’eau, l’alimentation de base et l’énergie. L’âge de la retraite devrait passer à 67 ans et le gouvernement devrait annoncer l’arrêt de l’allocation pour les petites pensions à partir de fin 2019. Et en cas de risque de dépassement d’un budget public, des blocages automatiques devraient empêcher tout nouveau déficit.

Le gouvernement grec s’est engagé à « entreprendre un réexamen rigoureux et une modernisation des négociations collectives, de l’action syndicale et […] des procédures de licenciements collectifs». Le travail du dimanche devra être instauré. Le plan pousse le gouvernement grec à revenir sur certaines mesures déjà prises, notamment en licenciant certains fonctionnaires récemment embauchés. Et pour toute nouvelle loi liée au plan de redressement, le gouvernement aura l’obligation de « consulter les institutions [créancières] et convenir avec elles tout projet législatif […] avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement », ce qui n’est rien de moins que la mise sous tutelle du gouvernement grec que prétendait refuser Syriza.

Enfin, ce dernier a dû accepter de mettre en place un fonds qui regroupera pour 50 milliards d’euros d’entreprises publiques à privatiser. Il s’agit d’un montant exorbitant compte tenu de la taille de l’économie grecque. Cela signifie qu’aux privatisations déjà envisagées comme celles des aéroports régionaux, des plus importants ports du pays, ou du réseau d’électricité, devront s’ajouter bien d’autres secteurs. Et le fruit de la vente de ces entreprises devra servir au moins pour 25 % à rembourser immédiatement les créanciers.

En échange de tout cela, le gouvernement grec n’a obtenu qu’une vague promesse de discussion sur un rééchelonnement du paiement de sa dette publique.

Alors que depuis 2008 l’économie grecque s’est continuellement effondrée, étranglée par une dette qui n’a jamais réellement diminué, la finance cherche aujourd’hui à pomper encore plus de profits ce qui va inévitablement aggraver encore plus la situation. Mais les chefs d’État qui jouent le rôle d’huissiers des institutions financières ne veulent pas et n’ont jamais voulu « aider la Grèce ». Ils veulent faire un exemple et montrer à tous les exploités d’Europe ce qu’il en coûte de les contester même simplement à travers les urnes.

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