Yvelines : travailleurs sans papiers en lutte17/06/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/06/sans_papiers_78.JPG.420x236_q85_box-0%2C240%2C2560%2C1680_crop_detail.jpg

Leur société

Yvelines : travailleurs sans papiers en lutte

Illustration - travailleurs sans papiers en lutte

Depuis le 10 juin, plusieurs centaines de travailleurs sans papiers occupent deux agences d’intérim dans les Yvelines, l’une à Montigny-le-Bretonneux, l’autre dans le Technoparc de Poissy, près de l’usine PSA. Ils demandent à pouvoir travailler en situation régulière.

Ils travaillent et vivent en France depuis plusieurs années, plus de dix ans pour certains, très souvent dans des conditions difficiles. De ce fait, ils ne décrochent que des emplois précaires, souvent à temps partiel, parmi les travaux les plus pénibles, mal payés, parfois de la main à la main ou par de simples chèques, sans bulletin de salaire. Souvent, ils ne parviennent à trouver un travail qu’en empruntant l’identité d’un proche, d’un parent, en situation régulière.

Tout contrôle de police constitue un risque de se retrouver en centre de rétention dans l’attente de la décision d’un juge pour une éventuelle reconduite à la frontière.

Des discussions sont amorcées avec le patronat de l’intérim, sans pour l’instant déboucher sur un certificat de concordance attestant qu’un travailleur était employé sous une autre identité ni un formulaire de contrat de travail. Ces deux papiers sont indispensables pour obtenir des droits en préfecture. Les patrons connaissent bien la situation de ces travailleurs. Mais dans bien des cas, dès qu’ils réclament ces papiers, c’est le licenciement.

Dès le premier jour, la grève et l’occupation des agences d’intérim se sont organisées avec l’aide de la CGT. Entrer à plus d’une centaine dans une agence d’intérim n’est pas simple mais cela s’est fait, à la grande surprise des employés de ces agences. Cette présence massive ne visait évidemment pas à gêner leur travail, ni à empêcher les salariés de l’agence de venir chercher de l’emploi ou réclamer leur dû. Il y avait simplement un peu plus de monde que d’habitude !

Concernant l’intendance, des foyers de la région se sont organisés pour fournir le nécessaire pour le repas. Sur les deux sites, mais surtout à Montigny puisque cette agence est en pleine ville, des habitants ont apporté de l’eau, de la nourriture, des fruits, plusieurs dizaines de pizzas et même un ventilateur.

Les travailleurs sans papiers ont organisé des visites à d’autres agences d’intérim. Ils ont parfois trouvé porte close, les directions préférant baisser le rideau plutôt que courir le risque d’une occupation. Dans une agence, cependant, ils ont dû faire face à un employeur un peu excité qui les menaçait avec un extincteur ! Il a fallu, dans la bonne humeur, s’organiser pour la nuit, dans des locaux souvent exigus.

Les travailleurs ont fait connaître leur mouvement en distribuant des tracts, en prévenant la presse, en s’adressant aussi à ceux qui sont dans la même situation qu’eux pour les inviter à rejoindre le mouvement.

Pouvoir vivre et travailler comme tous les autres salariés de ce pays, ne pas craindre sans cesse un contrôle de police alors qu’on se rend au travail, obtenir un logement, ne pas être à la merci de patrons qui profitent largement de cette précarité, serait la moindre des choses. La lutte continue avec la même détermination qu’au premier jour.

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