Turquie : la contagion des luttes03/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2444.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie : la contagion des luttes

La grève victorieuse des 5 700 travailleurs de Oyak Renault à Bursa, de même que le mouvement qu’ont connu Tofas-Fiat et des usines de la sous-traitance automobile, continuent à avoir des répercussions dans toute la Turquie. Les informations qui proviennent des grands centres industriels de l’ouest du pays montrent que les grèves s’étendent progressivement à d’autres secteurs industriels et à d’autres villes.

Le mouvement démarré chez Ford, qui comprend trois usines dans des villes différentes, et chez Tûrk Traktör à Ankara se poursuit en dépit des menaces. Celles-ci consistent à envoyer des SMS aux travailleurs, les menaçant de licenciement s’ils ne reprennent pas le travail le lendemain, ou à bluffer en faisant partir des cars de ramassage emmenant seulement quelques travailleurs, en prétendant que la reprise a eu lieu. Cela reste vain car les travailleurs en lutte ne cèdent pas, encouragés par le soutien des ouvriers des usines alentour.

Par ailleurs, le mou­ve­ment s’est étendu à Izmir, par exemple, où les 1 900 travailleurs des raffineries Petkim, refusant les maigres 5 % d’augmentation proposés par le patron, ont obtenu en grande partie satisfaction après occupation du site pendant une semaine. Non seulement ils ont été soutenus par d’autres ouvriers de la région mais, mieux, des travailleurs de quatre zones industrielles de la ville commencent à entrer en lutte sur les mêmes revendications. À Izmir également, 3 500 travailleurs d’Izenerji, société d’électricité et gaz dépendant de la municipalité, ont commencé à manifester pour des augmentations de salaire immédiates : les négociations en vue de la convention collective durent depuis deux ans et n’aboutissent toujours pas.

Des travailleurs d’IDÇ et de Ege Çelik, à Izmir, ont eu la bonne surprise de voir leur compte bancaire crédité de 1 000 livres turques (330 euros), en réponse à l’effervescence qui régnait dans ces entreprises.

Visiblement, la grève victorieuse des travailleurs d’Oyak Renault, qui avaient commencé à s’organiser et à se préparer il y a quelques mois, a valeur d’exemple. Les 15 millions de travailleurs du pays ont actuellement tous le même problème : une perte de pouvoir d’achat de plus de 20 %. De là à se diriger vers la même solution que ceux de Renault, il n’y a qu’un pas… Au point que, semble-t-il, dans certaines usines, des patrons sentant le vent prendraient les devants en accordant d’entrée de jeu des augmentations, de peur de voir la production s’arrêter.

À l’approche des élections du 7 juin, les travailleurs de Turquie montrent qu’ils n’attendent pas le résultat des urnes pour poser leurs revendications : ils le font avec leurs armes de classe.

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