Dans le monde

Sommet anti-Daesh à Paris : une réunion de pompiers pyromanes

Mardi 2 juin se tenait à Paris une réunion des 22 pays de la coalition contre l’organisation État islamique (EI ou Daesh). Mais, les populations du Moyen-Orient, qui sont les premières victimes de la barbarie islamiste, n’ont rien à en attendre.

Daesh est le produit de l’invasion de l’Irak par l’impérialisme américain en 2003. Dans ce pays où les musulmans chiites représentent environ les deux tiers de la population et les sunnites environ un tiers, le renversement du régime de Saddam Hussein s’est soldé par une guerre civile entre milices religieuses. Les unes prétendaient venger la majorité chiite de l’oppression qu’elle a subie sous l’ancien régime, les autres se posaient en défenseurs de la minorité sunnite. Toutes ont massacré des dizaines de milliers de personnes (26 000 morts de 2004 à 2005 selon le Département d’État américain) sous l’œil indifférent de l’administration militaire américaine, qui contrôlait seule le pays.

Par la suite, l’impérialisme américain a mis en place un État fantoche dirigé par des politiciens et des hommes d’affaires chiites. Cela a poussé une nouvelle fraction de la population sunnite dans les bras des milices qui prétendent les défendre. L’EI est la fusion de ces milices avec des groupes d’officiers de l’armée de Saddam Hussein chassés de leurs postes par les Américains en 2003.

À partir de 2012, Daesh a participé à l’insurrection contre Bachar al-Assad en Syrie. Les puissances impérialistes, notamment les États-Unis et la France, ont soutenu les insurgés parce qu’ils voulaient affaiblir al-Assad, un des rares chefs d’État de la région ayant les moyens de ne pas toujours leur obéir au doigt et à l’œil. Ce faisant, ils ont donc directement contribué à armer Daesh.

En 2014, Daesh a conquis un tiers de l’Irak et la moitié de la Syrie, un territoire de 230 000 km² où l’organisation fait régner la terreur. Ce fut d’autant plus facile que personne en Irak ne semble prêt à risquer sa vie pour les marionnettes corrompues d’un « État irakien légal » dont l’existence fragile ne repose que sur le soutien américain.

Cette barbarie provoquée par ses propres interventions, l’impérialisme est bien en peine d’y mettre un terme. Les principales armées de la région engagées contre l’EI sont celles de la Syrie de Bachar el-Assad et les milices soutenues par son allié, l’Iran. Les rares victoires remportées en Irak contre l’EI sont d’ailleurs le fait de ces milices chiites directement commandées par des officiers iraniens et non de l’armée irakienne officielle. Mais les États-Unis ne souhaitent pas une victoire totale du régime d’al-Assad et du régime iranien qui échappent à leur contrôle. De plus, une telle victoire les mettrait en porte-à-faux vis-à-vis de certains de leurs alliés, comme l’Arabie saoudite qui intervient déjà au Yémen contre des groupes armés soutenus par l’Iran. Alors, pour l’instant les grands de ce monde optent pour une cote mal taillée : bombarder le territoire contrôlé par l’EI pour montrer leur soutien aux marionnettes qu’ils ont installées au pouvoir en Irak, et laisser les populations soumises à la terreur se débrouiller avec leurs nouveaux maîtres. Après tout, de leur point de vue cynique, c’est une façon comme une autre de continuer à contrôler la région et tant que le pétrole coule à flots, rien ne presse…

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