Grèce : Tsipras et la quadrature du cercle03/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2444.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Tsipras et la quadrature du cercle

La Grèce est à nouveau à la veille d’échéances difficiles : en juin, le gouvernement doit rembourser 1,6 milliard au Fonds monétaire international, dont 300 millions le 5 juin. Aucun accord n’est conclu. Christine Lagarde, la directrice du FMI, a évoqué, avant de le démentir, une sortie de la Grèce de la zone euro.

Face à ces atermoiements et aux différents chantages des institutions européennes, relayés par la presse grecque et étrangère, le chef du gouvernement grec Tsipras a répondu dans une interview au Monde où il trace le bilan des concessions grecques et les limites à ne pas dépasser.

Le dirigeant de Syriza rappelle ainsi que, depuis le 20 février, pour répondre aux exigences de l’Eurogroupe, son gouvernement a accepté « de poursuivre le programme des privatisations avec quelques petites modifications » et « de réaliser une grande réforme de la TVA » qui devrait faire rentrer dans les caisses un milliard d’euros supplémentaire, mais pas les trois demandés par les créanciers. Il a promis de renforcer les contrôles fiscaux. Il a accepté une réforme des caisses d’assurance sociale et la fin de dispositions « autorisant à tort l’octroi de retraites anticipées, en augmentant de cette façon l’âge réel de la retraite ». Il prévoit une réforme du marché du travail « après consultation du Bureau international du travail, malgré l’engagement du gouvernement de rétablir immédiatement les normes européennes en matière de droit du travail ». Il refuse cependant toute nouvelle baisse des pensions de retraite et la création de taxes supplémentaires.

Condamné à une posture d’équilibriste, Tsipras s’adresse aux gouvernants européens et à l’opinion publique, la sienne en particulier. Les gouvernants, il les appelle à être plus raisonnables que les institutions financières non élues, et à pousser à la conclusion d’un « accord mutuellement bénéfique ». Il leur rappelle, ainsi qu’aux peuples européens, que nul n’est à l’abri du sort de la Grèce. Il s’adresse aussi à sa propre population. Il ne ménage pas ses accusations contre des créanciers qui ont fait baisser de 40 % le revenu du ménage grec moyen entre 2008 et 2012 et qui l’obligent à des concessions dont le poids, affirme-t-il, devrait cependant porter sur les plus aisés.

Tsipras garde la confiance de ses électeurs si on en croit un sondage de la mi-mai pour une chaîne de télévision, qui donnait 36,5 % d’intentions de vote pour Syriza contre 15,5 % pour la droite de la Nouvelle Démocratie. Face à des créanciers acharnés, il fait preuve de ténacité et ne mâche pas ses mots mais sa politique réformiste a une marge de manœuvre de plus en plus étroite.

Tandis que les banques laissent filer les capitaux, que le gouvernement ne cherche pas à bloquer, et que les patrons grecs sapent ce qui reste de leurs droits, les travailleurs auraient tort de s’en remettre au gouvernement de Syriza pour les protéger.

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