Industrie pharmaceutique : « satisfait ou remboursé », la nouvelle façon de vendre08/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2436.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Industrie pharmaceutique : « satisfait ou remboursé », la nouvelle façon de vendre

« Satisfait ou remboursé » le slogan publicitaire n’est pas réservé aux seuls yaourts, barres glacées ou dentifrices, il s’applique aussi à certains médicaments. Pas n’importe lesquels mais les plus chers, les nouveaux médicaments dits innovants et dont les prix accèdent à des sommets encore jamais atteints.

Sovaldi, médicament contre l’hépatite C, est de ceux-là. En 2014, Gilead, le laboratoire américain qui le fabrique, avait fixé le prix de vente à 650 euros le comprimé, soit 54 600 euros le traitement de trois mois. Finalement, après d’âpres négociations, il avait accepté de baisser son prix à 488 euros le comprimé soit 41 000 euros le traitement. Remboursé à 100 %, voilà un médicament qui promet de faire du trou de la Sécurité sociale un véritable gouffre. Certes, un contrat prévoit que, si le laboratoire dépasse un certain seuil de vente, il devra rembourser l’Assurance maladie. C’était le cas pour 2014, sauf que pour l’instant, on n’a pas entendu parler du chèque que Gilead devrait signer.

Le « satisfait ou remboursé » est du même ordre. Il concerne également des médicaments innovants. C’est le cas d’un médicament contre les cancers du sang commercialisé depuis l’été 2014 par le laboratoire Celgene. Le prix a été fixé à 8 900 euros par traitement soit, comme chaque malade doit suivre cinq traitements, la modique somme de… 44 500 euros, remboursés à 100 % par la Sécurité sociale. Le contrat stipule que le laboratoire s’engage à rembourser l’Assurance maladie en cas d’échec du traitement. Alors, à chaque consultation, le médecin prescripteur doit remplir une fiche, noter tous les renseignements. Puis les fiches sont transmises à un organisme qui analyse les données. Le laboratoire promet qu’à la fin de l’année, il remboursera l’Assurance maladie du montant du traitement pour chaque malade qui n’aura pas été amélioré ! On imagine aisément les allers-retours, les analyses, contre-analyses et autres expertises qui seront pratiqués avant que le moindre chèque soit signé.

D’autres laboratoires ont signé de tels contrats dits « de performance ». L’un d’entre eux, UCB, affirme avoir d’ores et déjà remboursé l’Assurance maladie pour des malades qui n’ont pas été améliorés par son médicament contre la polyarthrite. Combien ? C’est confidentiel, répond-il, mais « non négligeable », ajoute-t-il. Ce n’est pas très transparent mais il est clair et public qu’en échange il a obtenu un prix de vente tout à fait satisfaisant.

Le « satisfait ou remboursé » pour les médicaments ? L’assurance d’un prix canon contre l’illusion d’un remboursement.

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