Fin des quotas laitiers : du petit lait pour les spéculateurs01/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2435.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fin des quotas laitiers : du petit lait pour les spéculateurs

Depuis le 1er avril, la production laitière européenne, régie depuis 1984 selon des quotas, sera soumise à la seule loi de l’offre et la demande. Cela répond à l’intérêt des grandes entreprises agricoles, des industriels transformateurs du lait et bien sûr des banquiers.

La politique des quotas, telle qu’elle a été appliquée en France, a ralenti la diminution du nombre d’exploitations. Pourtant, de 2000 à 2011, date du dernier recensement, le nombre d’exploitations a encore diminué de 26 %. Il en reste à cette date 500 000, faisant travailler près d’un million de personnes.

Mais surtout, le cheptel moyen en France compte 60 vaches alors qu’en Allemagne, les élevages de 1 500 vaches ne sont pas rares. Annuler aujourd’hui les quotas signifie mettre les producteurs en concurrence directe les uns avec les autres et les plus gros, ceux dont les exploitations ont la productivité la plus élevée, seront en position de force. Ce sera la guerre des prix et des volumes. De grandes fermes agro-industrielles vont voir le jour et se multiplier, comme cette ferme géante mise en service dans la Somme pour traire 500 vaches actuellement mais avec une capacité de traite de 1 000 vaches. Ce sera aussi tout à l’avantage des grosses sociétés industrielles de transformation du lait, tels Lactalis, n°1 mondial du fromage ou Danone n°1 mondial du yaourt, qui ont de telles capacités d’achat qu’ils imposent et imposeront encore plus leurs prix.

Le lait entre à son tour dans l’arène de la spéculation boursière. Trois contrats à terme, sur le modèle de ceux existant pour les matières premières, agricoles ou non, vont être lancés concernant le beurre, la poudre de lait écrémé et la poudre de lactosérum, les trois dérivés du lait les plus recherchés par l’industrie.

Les banquiers pourront donc spéculer sur le lait, comme ils spéculent sur le blé et avec le même risque pour les populations : la pénurie artificielle créée par la folie du système capitaliste.

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