Entente illégale : le « cartel du yaourt » pris les doigts dans le pot01/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2435.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Entente illégale : le « cartel du yaourt » pris les doigts dans le pot

L’Autorité de la concurrence a infligé une amende collective de 192 millions d’euros à dix fabricants de produits laitiers sous marques de distributeurs, représentant 40 % du marché. De 2006 à 2012, ils avaient inventé la recette d’un curieux yaourt à l’oseille, en truquant les prix et en s’entendant entre eux.

Lors de réunions régulières et discrètes, les fabricants se mettaient d’accord sur des hausses artificielles de prix, et se partageaient le fromage en faussant les appels d’offre. Par exemple, le prix du yaourt aurait été majoré arbitrairement de 5 % en moyenne. Les gros requins du secteur sont en cause : Lactalis, numéro un mondial, Novandie et Senagral, filiales de Andros et Senoble... Seul Yoplait, pourtant pilier de ce cartel jusqu’en 2011, a échappé à l’amende, pour avoir craché le morceau et dénoncé ses complices.

Des ententes de ce genre, qui pénalisent le consommateur, sont dévoilées régulièrement. Elles font partie du fonctionnement habituel du marché. Les grandes entreprises veulent faire le maximum de profits par tous les moyens. Quand de temps en temps un des larrons balance ses complices, les amendes restent légères pour des arnaques lourdes. Ainsi, Lactalis, qui va payer 56 millions d’euros, a déclaré un bénéfice net de 308 millions d’euros pour la seule année 2010.

La seule façon d’empêcher ces grands patrons de s’arranger entre eux, pour augmenter les prix et se répartir les marchés, serait de supprimer le secret commercial, le secret des affaires, qui masquent de telles pratiques. Pour imposer cette transparence, l’Autorité de la concurrence, trop timide dans ses sanctions et surtout très respectueuse de la toute puissance des actionnaires, n’est guère efficace. Pour lutter contre les ententes illégales des cartels, il faudra que les travailleurs s’en mêlent et aillent mettre eux-mêmes le nez dans leurs affaires.

Partager