Dialogue social : au bon vouloir du Medef25/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2430.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dialogue social : au bon vouloir du Medef

La loi Macron étant en bonne voie, le gouvernement peut passer à l’étape suivante de la démolition des droits des travailleurs : la loi sur le dialogue social. Il s’agit d’un catalogue de mesures mises au point par les experts patronaux et visant à réduire considérablement la représentation des travailleurs et les compétences des élus des salariés.

Dans les entreprises comptant jusqu’à 300 salariés, les comités hygiène, sécurité et conditions de travail (CHSCT), les comités d’entreprise (CE) et les délégués du personnel (DP) fusionneraient en une seule entité, aux moyens réduits. Le CHSCT, en particulier, perdrait des moyens d’intervenir. La CGT a calculé par exemple que les travailleurs des entreprises de 500 à 749 salariés perdraient cinq délégués et 396 heures annuelles de délégation. Les 4,6 millions de travailleurs des entreprises de moins de onze salariés resteraient sans représentation. Si peu que puissent, à eux seuls, les élus des travailleurs, c’est encore trop pour les patrons !

En plus d’une attaque contre les travailleurs, les centrales syndicales ont, à juste titre, vu dans ce projet une menace pour elles. Aucune n’a accepté de se faire hara-kiri lors de la négociation patronat-syndicats menée à ce sujet en janvier. Le projet se retrouve donc maintenant entre les mains du gouvernement.

Valls et Rebsamen, le ministre du Travail, devaient recevoir mercredi 25 février les représentants des organisations patronales et ceux des syndicats de salariés, pour leur exposer les grandes lignes de la future loi sur le dialogue social. Le journal propatronal Les Échos écrivait avec délicatesse que « l’inspiration du gouvernement sur le sujet devrait rester proche du texte proposé par le patronat avant que la négociation n’échoue ». Ce que les syndicats n’ont pas accepté de plein gré, le gouvernement va donc tenter de le leur faire avaler de force.

Cela ne va pas empêcher les responsables syndicaux de se rendre à la convocation et de participer à toutes les discussions qu’on voudra bien leur proposer. La CFDT se prépare à travestir une fois de plus un recul en avancée. La CGT, quant à elle, publie un tract intitulé « Le gouvernement doit choisir le camp des salariés », mais n’explique pas comment obtenir ce miracle contre nature.

Les directions syndicales pourront quand même se targuer d’avoir fait reculer le patronat sur un point. Plutôt que d’être convoquées au siège du Medef, pour venir entériner ses projets selon l’ordre du jour décidé par lui, il semble qu’elles soient en passe d’obtenir des négociations en terrain neutre, un droit de regard sur l’ordre du jour et l’intervention d’experts indépendants. Bien entendu, à la fin, il s’agira quand même d’avaliser les volontés patronales et l’étranglement progressif des droits des travailleurs.

Le dialogue social c’est donc les profits pour les patrons, les coups pour les travailleurs, mais dans le respect des formes pour les chefs syndicaux.

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