Arféo-Buroform – Valdivienne : des cadeaux pour les patrons… la facture pour les ouvriers25/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2430.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arféo-Buroform – Valdivienne : des cadeaux pour les patrons… la facture pour les ouvriers

Entreprise de fabrication de mobilier de bureau, localisée en milieu rural, à l’est de Poitiers, et en Mayenne, à Château-Gontier, Buroform a été liquidée en janvier 2015.

L’entreprise a connu pas moins de trois repreneurs en quatre ans avec, à chaque fois, des suppressions de postes. Après la défaillance du dernier d’entre eux, une majorité des travailleurs avaient monté une Scop (coopérative ouvrière de production) avec des effectifs passés de 312 à 211 salariés.

Les aides publiques aux patrons, présentées par les différents responsables politiques comme les sauveurs des emplois, n’ont pas cessé. Ainsi en 2010 Oséo, organisme de financement des entreprises, détenu majoritairement par l’État, a racheté les bâtiments situés près de Poitiers pour 3,2 millions d’euros, soit probablement le quadruple de leur valeur réelle, au premier repreneur qui possédait l’usine depuis décembre 2008. Ce margoulin – bien connu des tribunaux de commerce pour faire son marché parmi les entreprises en difficulté – après avoir exercé un chantage à l’emploi est devenu locataire des bâtiments auprès d’Oséo sous la forme d’un crédit-bail... avant de rapidement céder l’affaire pour une bouchée de pain, en septembre 2010.

Le second patron, quant à lui, n’a versé aucun loyer durant ses onze mois de présence. Puis, en juillet 2011, un troisième repreneur, Arféo, filiale d’une holding, a négocié auprès de la BPI (Banque publique d’investissement, ayant succédé à Oséo) la poursuite de l’exonération de loyer pour deux ans supplémentaires. L’entreprise perçut également, de la part du conseil régional présidé alors par Ségolène Royal, 250 000 euros au minimum pour un plan de formation, dont les ouvriers ne virent jamais la couleur. C’est enfin en janvier 2013, face à une nouvelle menace de liquidation, qu’une majorité des travailleurs ont décidé de reprendre l’usine en Scop.

Celle-ci a dû faire face à d’importants investissements en matériel, que les patrons n’avaient jamais faits, bien des machines étant obsolètes, et a donc mis la clef sous la porte en ce mois de janvier, par manque de liquidités. Cependant, durant les deux années d’exercice en Scop, les travailleurs ont versé 250 000 euros de remboursement à la BPI, les seuls loyers encaissés par la banque publique depuis son rachat des bâtiments. Le prêt d’honneur, d’un montant de 2 500 euros, accordé par le conseil général à chaque coopérateur pour monter le projet, est toujours remboursé par ces derniers qui, aujourd’hui, ont perdu leur emploi.

Devant les médias, les politiciens font mine de vilipender l’attitude de certains patrons, ou même, telle Ségolène Royal, d’affirmer haut et fort que, dans sa région, les entreprises aidées qui suppriment des postes se voient réclamer des comptes. Il n’en est rien. Les pseudo-repreneurs passés à la tête de Buroform n’ont jamais été inquiétés, même en paroles. Les travailleurs de cette entreprise, par contre, ont remboursé durant l’activité de la Scop, et remboursent encore, les aides publiques.

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