Dans les entreprises

Renault : profits en hausse, effectifs et salaires en berne

Les résultats de l’année 2014 sont bons pour le groupe Renault, vient d’annoncer son PDG, Carlos Ghosn. Le bénéfice net a presque triplé, passant de 695 millions d’euros en 2013 à presque 2 milliards cette année. La Bourse a, comme disent ces messieurs, salué l’événement, l’action du groupe grimpant de 14 % les jours suivants, joli cadeau supplémentaire pour les gros actionnaires. Ce ne sera pas le seul : les dividendes versés d’ici quelques semaines augmenteront de plus de 10 %.

Ce ne sont pas seulement les ventes de véhicules qui expliquent ce triplement des profits. Le chiffre d’affaires n’a augmenté, lui, que de 0,3 %. C’est l’exploitation accrue des 120 000 salariés, en particulier des quelque 70 000 ouvriers des usines réparties en Europe, en Afrique du Nord, en Asie et en Amérique latine, qui a fait augmenter le bénéfice net et permis de remplir les comptes des capitalistes investisseurs.

Alors, quand Ghosn, dans une mise en scène étudiée, annonce le même jour 1 000 embauches en France pour l’année en cours, pour moitié dans les usines, pour moitié dans les bureaux d’étude, ainsi que le recrutement d’un millier d’apprentis, c’est de la poudre aux yeux. D’une part, ce chiffre inclut les 760 embauches promises en mars 2013, quand la direction de Renault avait obtenu la signature d’un prétendu accord de compétitivité destiné à économiser 500 millions d’euros chaque année, à bloquer les salaires et à augmenter le temps de travail, et surtout à supprimer, rien qu’en France, 8 260 emplois. D’autre part, depuis la conclusion de cet accord, près de 4 000 emplois ont déjà été supprimés et les départs en retraite ne sont plus remplacés. Et, même si la production ne peut se faire sans plusieurs milliers d’intérimaires – dans les usines de Flins, ils sont près de 900 à monter des Clio IV et des Zoe électriques, à Sandouville également –, la charge de travail augmente constamment.

Dans le même temps, Ghosn a annoncé que les salaires, cette année encore, resteraient bloqués, pour la troisième année consécutive. L’an dernier, les ouvriers s’étaient vu octroyer 0,5 %, pas même l’inflation, et les autres salariés rien du tout. Des débrayages ont été organisés sur plusieurs sites le 13 février, encore insuffisants pour contraindre la direction, décidée à ne distribuer que d’insultantes micro-augmentations individuelles, de l’ordre de 10 à 15 euros mensuels, et encore pas pour tous.

Les coffres sont pleins, pourtant. Outre les matelas d’actions, la direction dispose d’une trésorerie de plus de 14 milliards. Les travailleurs de Renault savent donc où trouver de quoi empêcher leur pouvoir d’achat de continuer à sombrer : là où le PDG lui-même a puisé de quoi augmenter son propre salaire de 16,8 % cette année.

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