Si on est loin d'une véritable levée du monde musulman, on peut constater l'existence de groupes présents dans nombre de pays, qui se servent de l'affaire Charlie Hebdo pour entraîner des manifestants et les faire descendre dans la rue.

Bien sûr ces manifestants n'ont jamais lu Charlie Hebdo et ce n'est pas leur vrai problème. Mais manifester contre l'hebdomadaire, grâce à l'écho donné à toute l'affaire par les médias, est une façon de manifester contre les puissances occidentales sur fond de mécontentement et de décomposition sociale.

Au Niger par exemple et en Afrique subsaharienne, la misère croissante, les déplacements de populations, l'éclatement des pays, le pouvoir des bandes armées, la corruption généralisée sont le produit de toute une histoire : celle de la mise en coupe réglée de la planète par quelques pays impérialistes, dont essentiellement la France. La France envoie ses soldats, arme telle ou telle faction, défend les propriétés de ses capitalistes, soutient toutes les forces réactionnaires, y compris religieuses, pour préserver un ordre social qui lui est profitable. Au Niger, où les manifestations ont tourné à l'émeute antichrétienne et antifrançaise, c'est l'armée française qui défend par les armes et la corruption les mines d'uranium d'Areva, au milieu d'une misère générale.

Dans ces conditions les démagogues des groupes intégristes musulmans se servent de Charlie Hebdo comme d'un dérivatif sans s'en prendre aux problèmes et aux responsables réels, l'impérialisme et les gouvernements corrompus. Et, justement parce qu'ils ne menacent en rien l'ordre impérialiste, ils ont la presse du monde entier pour rendre compte de leurs balivernes dangereuses. La même presse qui encense l'action des troupes françaises et les bénéfices des entreprises qui pillent l'Afrique.

Alors, les rodomontades d'un Hollande, prétendant défendre la liberté d'expression et les lumières françaises dans le monde entier sont révoltantes. Hollande et les siens, l'État et les capitalistes français, n'ont jamais apporté autre chose aux peuples d'Afrique que l'exploitation, la répression, l'obscurantisme et une misère sans fin.