Aciéries d'Imphy : Accidenté du travail et licencié03/12/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/12/2418.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aciéries d'Imphy : Accidenté du travail et licencié

Fin octobre, aux Aciéries d'Imphy, près de Nevers, un travailleur a failli être happé par le laminoir sur lequel il intervenait, entraîné par son gant puis sa veste. Il a eu l'épaule gravement déboîtée, mais c'est sa vie qui était en jeu.

Trois jours après, la direction lui aurait demandé de rentrer au travail sur un poste aménagé ! Et un mois plus tard, alors qu'il était toujours en arrêt, le licenciement est tombé pour faute grave.

À cette nouvelle, la colère est montée parmi les travailleurs. La CGT leur a alors proposé de se déclarer inaptes à poursuivre l'activité, en faisant état d'une règle santé et sécurité de la direction. Le 1er décembre, la quasi-totalité des 700 travailleurs de l'entreprise Aperam ont cessé le travail, tous secteurs confondus, pour s'opposer au licenciement de leur camarade.

La direction se retranche derrière le fait que ce dernier n'aurait pas dû franchir le garde-fou devant la machine alors que celle-ci tournait... Mais depuis quand un simple garde-fou est-il une sécurité ? C'est une signalisation, pas davantage qu'une pancarte et une bande de plastique rouge et blanc.

Pour tous, le véritable problème est que le laminoir ne s'est pas arrêté et qu'il aurait pu tuer. La responsabilité de la direction est donc pleine et entière. La meilleure preuve est d'ailleurs que, depuis, elle a fait remettre en place le système qui stoppe la bande si le garde-fou s'actionne, système qui avait été supprimé.

Nombre de travailleurs pensent qu'il ne faut pas s'arrêter là. Il faut que le licenciement soit annulé et leur collègue purement et simplement réintégré, tout de suite.

D'autant que, depuis des mois, les convocations, lettres, sanctions tombent sous le moindre prétexte de sécurité : bouchons d'oreille, casque anti-bruit, manipulation incorrecte ou protocole non suivi.

Au moins trois autres travailleurs sont sous le coup de sanctions pouvant aller jusqu'au licenciement. Un travailleur des aciéries a été convoqué le 2 décembre pour non port de détecteur de gaz lors d'une intervention au fond d'une fosse. Il n'était pas seul, son collègue était équipé, son responsable était présent. Il ne l'a pas arrêté pour faire respecter la sécurité, mais l'attendait à la remontée...

En fait, la direction cherche à mettre les travailleurs au pas, en les sanctionnant au moindre oubli, à la moindre erreur. Sous couvert de faire appliquer la sécurité, la direction voudrait former de petits robots qui obéiraient au doigt et à l'oeil à ses desiderata.

Des travailleurs s'étonnent que la direction licencie des ouvriers avec vingt ans ou plus d'ancienneté et d'expérience derrière eux, ce qui nuira au travail. Mais la direction, elle, s'en moque, se disant que le travail, elle arrivera toujours à le faire faire.

Des faits équivalents se passent aussi à Aubert et Duval, l'autre entreprise du site des Aciéries. On retrouve ces mêmes pressions, cette même ambiance dans d'autres usines, notamment dans l'automobile, y compris dans la région.

Les patrons, eux, savent que la reprise économique n'est pas à l'ordre du jour. Pour préserver et même augmenter leurs profits, il leur reste à le faire aux dépens des emplois, des salaires et de la vie des travailleurs.

Seule question, les travailleurs les laisseront-ils faire ? Beaucoup disent non et ils ont raison.

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