Dans les entreprises

Renault -- Flins : Intérimaires en colère

À l'usine Renault de Flins dans les Yvelines, les ouvriers de production de l'atelier des Portes, dans le secteur du Montage, ont tous débrayé pendant deux heures environ en équipe d'après-midi, vendredi 26 septembre. Précision importante, la vingtaine de travailleurs en question sont intérimaires.

Depuis la baisse de cadence que la direction de l'usine a appliquée début septembre, profitant de ce changement pour supprimer 250 postes, soit près d'un sur dix en production, les conditions de travail se sont encore dégradées. Il y a des problèmes notamment en Peinture, où les travailleurs des mastics, à défaut d'être des hommes-caoutchouc, se préparent à coup sûr des problèmes de lombaires, d'épaules et de coudes. En Tôlerie OA, les installations d'assistance censées aider au travail sont au mieux inopérantes. Au Montage, d'où sortent alternativement des Clio IV et des voitures électriques Zoe, 130 postes de travail ont été supprimés, sur environ 500.

Dans cet atelier, un des secteurs où les ouvriers sont les plus « engagés », entendez où ils ont encore moins qu'ailleurs le temps de souffler, est celui des Portes. La difficulté à mettre en place les lécheurs, les caoutchoucs qui essuient la vitre quand elle s'abaisse, était paraît-il résolue depuis des années, les problèmes récurrents dûment signalés à la direction. Mais il faut toujours, depuis des mois, s'esquinter la main à taper pour les emmancher dans la tôle. À la mise en place du câblage des portes, on doit travailler à l'aveugle. Ailleurs, il faut la souplesse de bras d'une danseuse thaïe pour poser les dizaines de vis prévues.

Ces conditions de travail pénibles, parfois dangereuses, les dirigeants de l'entreprise les imposent à près de mille travailleurs intérimaires qu'ils emploient dans les ateliers, aux côtés des 1 600 autres ouvriers de production « Renault ». Pour atteindre l'effectif actuel de près de 4 000 salariés, il faut ajouter environ 500 ETAM et quelques centaines de travailleurs de la sous-traitance ou « prêtés » par d'autres usines Renault.

Moins d'un mois après les congés, la coupe a débordé chez les travailleurs des Portes. Malgré les menaces, malgré le risque que leur statut précaire peut représenter, les ouvriers des Portes ont tous ensemble relevé la tête contre la maîtrise arrogante.

La direction, en guise de réponse, promet seulement de répartir les opérations, et a maintenu le renfort temporaire qu'elle avait mis dans le secteur. Malgré cela, les travailleurs des Portes ont de quoi être fiers. Et ils le sont, d'autant plus qu'ils ont rencontré une vive sympathie dans tout l'atelier et au-delà.

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