Nos lecteurs écrivent : l'exploitation brute du « luxe à la française »24/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2408.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent : l'exploitation brute du « luxe à la française »

Je voudrais relater mon quotidien de travailleur, qui est aussi celui de nombreux collègues, agents de sécurité, vendeuses, caissières, dans un grand magasin de luxe parisien, Les Galeries Lafayette, qui se targuent de vouloir « rendre le bon et le beau accessibles à tous »... les riches ! Les affaires sont florissantes pour les actionnaires du groupe qui, outre Les Galeries Lafayette, possède Le Bon Marché, BHV, Louis Pion, mais aussi des parts dans le groupe Carrefour.

Dans le magasin des Champs-Élysées, où la riche clientèle, ignorant la crise, défile, des centaines de travailleurs sont là depuis plusieurs années mais sont employés par différentes sociétés sous-traitantes. Ainsi, au quotidien, les agents de sécurité reçoivent directement les ordres des chefs des Galeries, qui décident aussi des employeurs officiels. Aujourd'hui, Securitas a le contrat, mais à chaque changement de patron, c'est le chantage pour revoir à la baisse les conditions d'embauche. Les agents ayant résisté à cette tentative, Les Galeries, le véritable employeur en tant que donneur d'ordres, tentent de se débarrasser d'eux en usant de méthodes dignes des pires margoulins.

Ainsi, un chef a accusé un collègue d'avoir extorqué de l'argent à un mendiant dans la rue ! Accusation d'autant plus ridicule que ce chef est connu pour ses méthodes douteuses, empreintes de racisme ! Régulièrement, il ordonne aux agents d'aller dans les rues adjacentes harceler les petits vendeurs, jugeant sans doute qu'ils ne sont pas à l'image « du luxe à la française » tant vanté aux touristes fortunés. Un collègue a été muté d'office, après des remarques sur sa tenue qui avait déplu : il n'avait certainement pas eu le chic d'acheter son costume dans le magasin où il travaillait. Lors d'un rassemblement de salariés de la distribution devant le magasin pour défendre les conditions de travail, le chef a voulu que les agents de sécurité s'opposent à leurs collègues manifestants.

Opposer les travailleurs les uns aux autres, précarité et mépris maximum, telles sont les recettes d'exploitation pour générer toujours les profits des actionnaires du luxe « socialement responsables ». Pour les caissières, vendeuses, agents de sécurité, ce sont les semences des saines colères à venir.

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