James Connolly, août 1914 : Un socialiste fidèle à l'internationalisme20/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2403.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Août 1914-août 1944 le capitalisme c'est la guerre

James Connolly, août 1914 : Un socialiste fidèle à l'internationalisme

À l'été 1914, alors que le monde sombrait dans la barbarie de la guerre mondiale, les militants ouvriers fidèles à l'internationalisme étaient peu nombreux. Nous publions un article de l'un d'entre eux, le dirigeant socialiste irlandais James Connolly.

Connolly était né en 1868, à Édimbourg, dans une famille d'ouvriers immigrés irlandais. Apprenti, soldat, déserteur, il devint socialiste et milita en Écosse, puis en Irlande, aux États-Unis et à nouveau en Irlande à partir de 1911.

En 1913, ce fut, selon l'expression de Lénine, « la guerre de classes à Dublin ». Dans cette ville, capitale de l'Irlande sous domination anglaise, vingt mille familles de travailleurs vivaient alors dans une seule pièce. Leurs enfants mendiaient pieds nus dans la rue. La police britannique alliée au patronat irlandais faisait la chasse aux syndicalistes. Mais ces derniers, soutenus par des dizaines de milliers de travailleurs et emmenés par le syndicaliste Jim Larkin et le socialiste James Connolly, se défendirent pied à pied, des mois durant. Lénine espérait que ce combat, qui mobilisait les travailleurs non qualifiés et les femmes, c'est-à-dire les plus exploités des exploités, ferait sortir de son réformisme le mouvement ouvrier britannique, qui organisait essentiellement les ouvriers qualifiés.

En Irlande, pays dominé par l'impérialisme anglais depuis des siècles, les travailleurs étaient en butte à une double oppression, sociale et nationale. Le mouvement ouvrier, dont Connolly était le dirigeant le plus notable, avait donc à exprimer une double révolte, tout en se délimitant en permanence du mouvement nationaliste irlandais. Ses paragraphes sur le patriotisme sont ceux d'un militant ouvrier de pays dominé, qui prend bien soin de distinguer le patriotisme du travailleur de celui du bourgeois.

À la déclaration de guerre, le mouvement ouvrier officiel se rallia à l'Union sacrée derrière la bourgeoisie anglaise. Une grande partie du mouvement nationaliste irlandais accepta de se transformer en recruteur pour l'armée britannique. Connolly et ses camarades tinrent bon. Outre son internationalisme intransigeant et sa dénonciation de la guerre qui, à cent ans de distance, frappent encore le lecteur au plus profond, Connolly trouvait le chemin le plus radical, c'est-à-dire le plus réaliste, celui de l'insurrection.

En 1916, il fut l'un des chefs de l'insurrection de Pâques, à Dublin. Les organisations se battant pour l'émancipation nationale tentèrent alors de profiter de la guerre pour se soulever contre le joug de l'impérialisme anglais. Les insurgés furent battus, au prix de plusieurs centaines de morts et de milliers de blessés. Les chefs, dont Connolly, furent exécutés.

Loin des pacifistes criant à la tentative de putsch, Lénine salua la courageuse tentative de James Connolly et de ses camarades : « Le malheur des Irlandais est qu'ils se sont insurgés alors que l'insurrection du prolétariat européen n'était pas encore mûre. » Et, reliant le mouvement de Dublin à d'autres, en Indochine « française », au Cameroun « allemand », il affirmait : « Ce n'est que par l'expérience acquise au cours de mouvements révolutionnaires isolés (...) que les masses s'instruiront et prépareront l'offensive générale. »

Paul GALOIS

Ci-dessous la traduction d'un article que James Connolly rédigea pour le journal socialiste écossais Forward, au tout début de la guerre, le 15 août 1914.

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