Commémoration du débarquement de Provence en août 1944 : Hollande et le sang des Africains20/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2403.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Août 1914-août 1944 le capitalisme c'est la guerre

Commémoration du débarquement de Provence en août 1944 : Hollande et le sang des Africains

François Hollande a tenu à commémorer avec éclat le soixante-dixième anniversaire du débarquement des troupes alliées en Provence, le 15 août 1944. Ce n'est pas tant qu'il s'agisse cette année d'un chiffre rond, mais l'exaltation de l'unité nationale a toujours tenu lieu de discours aux politiciens qui n'avaient rien d'autre à proposer aux travailleurs que de se serrer la ceinture.

Sur les 250 000 hommes débarqués par l'armée française, la moitié étaient des « indigènes », c'est-à-dire des natifs des nombreuses colonies de l'impérialisme français, particulièrement de ses colonies d'Afrique du Nord et d'Afrique noire. Hollande a rappelé dans son discours qu'ils « n'étaient pas tous volontaires ». Doux euphémisme. Privés de tout droit, sauf celui de crever de faim et se faire exploiter, les colonisés étaient de plus tenus de s'engager dans l'armée pour défendre la « mère patrie ».

Les volontaires étaient poussés par la faim et la misère, les autres étaient purement et simplement emmenés de force. Tous étaient bons pour servir de chair à canon et envoyés en première ligne. Le mépris de l'État français pour les troupes indigènes s'est poursuivi après la guerre puisque, à ce jour encore, les derniers survivants ne touchent pas les mêmes pensions que leurs camarades français. Et encore a-t-il fallu des dizaines d'années pour que l'État reconnaisse le problème.

En août 1944, comme Hollande le rappelle également dans son discours, ces troupes servaient surtout à défendre les intérêts de la France... auprès des alliés américain et britannique. Il s'agissait de montrer ses capacités militaires afin d'être présent, dixit Hollande, « au banquet des grandes puissances », c'est-à-dire de conserver à l'impérialisme français ses précieuses colonies. La « guerre du droit », le drapeau « des droits universels » dont a parlé Hollande le 15 août n'incluaient pas les droits les plus élémentaires pour les colonisés.

D'après Hollande, la participation des soldats coloniaux aux combats de la Deuxième Guerre mondiale a tissé un « lien de sang » entre la France et l'Afrique. Un lien inauguré avec la traite négrière, poursuivi avec la colonisation puis l'enrôlement des troupes coloniales, continué par les guerres de décolonisation et illustré de nos jours par la mise en coupe réglée des anciennes colonies, assurée par la présence permanente de l'armée française en Afrique et ses expéditions régulières.

Un lien de sang, en effet : Hollande sait choisir ses expressions.

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