Stora Enso, Corbehem (Pas-de-Calais) : Fermeture de l'entreprise et 334 licenciements06/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2401.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Stora Enso, Corbehem (Pas-de-Calais) : Fermeture de l'entreprise et 334 licenciements

En septembre, les lettres de licenciement arriveront chez les 334 derniers travailleurs qui étaient encore employés par Stora. Cette usine de fabrication de papier produisait sur une énorme machine de 300 mètres de long plus de 60 % du papier utilisé en France pour les magazines. L'usine était déjà à l'arrêt total depuis janvier 2014. Les travailleurs manifestaient souvent et continuaient d'assurer leurs équipes auprès de la machine à l'arrêt, de peur que le patron la démonte. Aujourd'hui, il ne la démonte pas. Il la laisse rouiller, et il ferme...

Et pourtant l'usine est rentable, mais pas suffisamment aux yeux des actionnaires. Ces derniers ne manquent pas de fonds. On trouve parmi eux le richissime groupe finlandais Stora, la famille royale de Suède, et bien sûr des banques...

Tout ce beau monde s'était indigné de voir les travailleurs réclamer 40 000 euros d'indemnité dite « supra-légale ». Il ne leur a donc été proposé que 25 000 euros, beaucoup moins d'ailleurs pour une bonne partie des travailleurs, du fait des conditions restrictives imposées. Et encore moins au bout du compte car cette somme sera imposable. Les autres clauses prévues dans le Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) concernent les congés dits de « reclassement ». Les travailleurs voulaient un congé de 18 mois. Ce sera 15 mois, et seulement pour les plus de 48 ans.

Pour se dédouaner, le patron et le gouvernement diront que ce plan a été accepté par une majorité de travailleurs. Mais il faut voir comment. La direction régionale du travail a fait savoir que la nouvelle loi ANI s'appliquait désormais et qu'en cas de refus des travailleurs, c'est un document unilatéral de l'employeur qui aurait prévalu après homologation par cette même direction régionale du travail. C'est par ce chantage qu'a été obtenu le « vote favorable des travailleurs ».

Montebourg a également payé de sa personne, mais pas pour le soutien aux travailleurs. En mai 2013, il expliquait que « trois repreneurs sérieux » se présentaient pour le rachat de « ce bel outil qui pourrait assurer notre autonomie en matière de production papetière ». Il assurait même que l'ambassadeur de Finlande était « mobilisé » sur cette affaire. En mai 2014, juste après la signature du PSE, Montebourg sortait de sa manche le prétendu repreneur Valpaco, un petit groupe qui expliquait sans rire que l'activité serait rapidement rentable et qu'il allait obtenir de Stora les millions nécessaires à son démarrage. Au passage, il aurait bien pris aussi un peu d'argent public. Rien ne s'est réalisé du côté de Valpaco et le « business plan » a fini dans la poubelle de Stora.

Aujourd'hui, les travailleurs s'en remettent à une plainte en justice contre Stora. C'est là un espoir bien modeste, car chacun sait qu'il est difficile d'avoir gain de cause en justice contre les grands patrons. Ce qui pourrait vraiment les faire reculer, c'est une lutte générale pour interdire les licenciements, qui de quelques centaines de travailleurs mobilisés pourrait s'étendre à d'autres travailleurs eux aussi menacés ou qui le seront demain.

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