Dans les entreprises

La Poste : Un plan contre les usagers et les postiers

Le PDG de La Poste, Philippe Wahl, vient d'annoncer son plan pour les années qui viennent. Il s'agit de multiplier par trois les bénéfices, pour les porter à 1,9 milliard. Les usagers devront payer plus cher et les postiers accepter de nouvelles réductions d'effectifs.

Le timbre rouge, celui de la lettre prioritaire, devrait bientôt passer de 66 à 69 centimes d'euros, et atteindre 80 centimes en 2018. Une augmentation supérieure de 3,5 % à l'inflation prévue pour les quatre prochaines années.

Les suppressions d'emplois vont continuer. « Il y aura sans doute moins de postiers en 2020 qu'aujourd'hui », déclare Wahl. Ils ne sont plus que 222 000, au lieu de 300 000 il y a une dizaine d'années, mais pour le PDG ce serait encore trop ! La baisse du trafic lui sert d'alibi pour justifier cette saignée, alors que les tournées sont sans cesse rallongées et que le nombre de boîtes à lettres couvert par chaque facteur augmente au fil des réorganisations.

Comme si cela ne suffisait pas, Wahl annonce que les facteurs auront à assumer d'autres tâches, comme les visites aux personnes âgées, dûment facturées. Elles ont rapporté à La Poste 1 million d'euros en 2013 et Wahl vise les 200 millions en 2020... avec moins de facteurs. Autrefois, les postiers avaient le temps de discuter sur leur tournée avec tout le monde gratuitement. Désormais, il leur faut assurer celle-ci au pas de course et ne parler qu'à ceux qui ont payé !

La Poste supprime d'ailleurs également des milliers d'emplois aux guichets où sont effectuées les opérations financières de la banque postale, qui sont, elles, en constante augmentation. Les usagers font la queue, s'énervent, et les guichetiers doivent faire face comme ils peuvent, dans des bureaux où les automates ont remplacé le contact humain.

Ce carnage est couvert par l'État, unique actionnaire de La Poste. Il est même subventionné, puisque La Poste est le premier bénéficiaire du crédit impôt compétitivité emploi (CICE), avec 350 millions d'euros. Tout cela pour faire de La Poste, à coup de suppressions d'emplois et de hausses tarifaires, une entreprise dont la rentabilité puisse un jour attirer les capitaux privés.

Mais ce plan pourrait bien se heurter à la résistance des travailleurs de La Poste et de ses filiales. Ils n'ont aucune raison d'accepter cette incessante dégradation de leurs conditions d'existence, et sont assez nombreux pour faire reculer Wahl et le gouvernement qui se tient derrière lui.

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