Annulation de l'annulation de la hausse de l'électricité : EDF et ses concurrents veulent augmenter les tarifs, le gouvernement laisse faire02/07/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/07/une2396.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Annulation de l'annulation de la hausse de l'électricité : EDF et ses concurrents veulent augmenter les tarifs, le gouvernement laisse faire

Ségolène Royal, ministre de l'Énergie, a annoncé le 19 juin le gel des tarifs réglementés d'EDF, dont l'augmentation de 5 % était prévue pour le 1er août, afin, dit-elle, de préserver le pouvoir d'achat de la population. Dans le passé, sous Sarkozy comme sous Hollande, des annulations semblables avaient déjà eu lieu sous le même motif pour le gaz ou pour l'électricité. Mais cette fois la valeur de l'action EDF a aussitôt dégringolé de 10 % puis 8 % (l'État en détient près de 85 %).

Aussitôt, la même ministre a changé son fusil d'épaule et annoncé qu'il y aurait bien finalement une hausse, mais plus modérée (de combien ?) en automne. Le gouvernement s'est donc plié à la réaction de la Bourse.

Les tarifs de l'électricité vont donc augmenter. EDF prétend qu'elle doit faire d'énormes travaux sur les centrales. Travaux indispensables sans doute, mais qui ne l'empêchent pas de réaliser depuis plusieurs années 3 milliards à 3,5 milliards d'euros de bénéfice par an. La situation est donc bien loin d'être désastreuse. Il y a aussi le coût de plus en plus lourd des énergies dites renouvelables qu'EDF doit racheter à des prix de faveur.

Comme la comptabilité d'EDF n'est pas vraiment contrôlée par l'État (pourtant actionnaire ultra-majoritaire), une commission d'enquête parlementaire devrait voir le jour cet été pour mesurer les coûts réels annoncés par EDF.

Il en va d'EDF comme d'une multitude de sociétés publiques ou privées : les patrons ne disent que ce qu'ils veulent bien dire.

Les entreprises concurrentes d'EDF, seize fournisseurs alternatifs (Direct énergie, Lampiris, GDF Suez, etc.), regroupées dans l'association Anode, portent plainte à chaque gel des tarifs pour demander au Conseil d'État l'application de la loi qui impose de vendre l'électricité bien au-delà du prix de revient. C'est pourtant bien déjà ce qui se pratique, puisque EDF fait de gros bénéfices.

Le président de l'Anode vient de déclarer : « Les membres de l'Anode n'ont à nouveau pas d'autre choix (...) que de demander au Conseil d'État de faire appliquer la loi. Mais c'est à regret qu'ils procèdent à ce recours. » Et d'expliquer ensuite qu'il vaut mieux une hausse de 5 % maintenant plutôt qu'une hausse bien plus brutale de 10 % plus tard. L'Anode est pleine de sollicitude pour les consommateurs !

Voilà dix ans que le marché de l'électricité s'est ouvert à la concurrence, pour les industriels d'abord et trois ans après pour les particuliers. La concurrence était censée faire baisser les prix, mais elle les pousse à la hausse et les tarifs n'ont cessé d'augmenter. EDF est ravie que tout cela se traduise par une augmentation des factures dont elle est tout de même la première bénéficiaire.

Elle est bien loin, la période qui a précédé l'introduction de la concurrence, où les prix de l'électricité avaient baissé durant plusieurs années consécutives...

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