C'était bien le minimum que l'école prenne position de manière claire pour l'égalité femmes-hommes. Nombre d'enseignants n'avaient d'ailleurs sans doute pas attendu les fiches et les « séquences » du dispositif pour tenter de s'opposer à l'imagerie du type « Papa répare la voiture et Maman repasse le linge ».

Mais le dispositif a tout de suite été repéré par l'extrême droite et les calotins de tout poil comme une possibilité supplémentaire de propagande contre les timides réformes de société avancées par Hollande et son gouvernement. Après la levée de boucliers contre le « mariage pour tous », c'était une rumeur soigneusement organisée par des réseaux bien peu soucieux de contenu scolaire, qui organisait des « journées de retrait de l'école ». Il s'agissait, pour ces courants réactionnaires, de ne pas envoyer les enfants en classe pour les « préserver » de l'influence d'une prétendue « théorie du genre », selon laquelle il n'existerait pas de différence fille/garçon. En fait, les porte-parole de ces courants politiques déformaient allègrement la réalité des « ABCD », accumulant mensonges grossiers et diffamations d'enseignants, pour attaquer le gouvernement socialiste et, surtout, pour ne pas manquer une occasion d'élargir leurs réseaux et de se regrouper.

Les journées « de retrait de l'école » n'ont heureusement eu qu'une vie éphémère. Quant au dispositif des « ABCD de l'égalité », il semble avoir été apprécié par ceux qui l'ont utilisé et par de nombreux parents interrogés, à en croire le récent rapport remis au ministre de l'Éducation.

Il n'empêche. Les ABCD seront remplacés par des « formations » qui ne toucheront les enfants qu'indirectement. Un recul aussitôt fêté par toute une partie de la droite, mais qui ne satisfait même pas les promoteurs de la « Manif pour tous », qui annoncent une manifestation pour l'automne prochain. Ce nouveau recul aura encore démontré à quel point le gouvernement est prêt à s'aplatir au moindre haussement de sourcil des lobbies réactionnaires.