Mali : La guerre reprend à Kidal22/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2390.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : La guerre reprend à Kidal

Les soldats maliens et les groupes armés touareg se sont violemment affrontés samedi 17 mai dans le nord du pays, à Kidal, à l'occasion de la venue du Premier ministre Moussa Mara. Trente-six personnes ont été tuées, dont le préfet de Kidal et quatre sous-préfets. Le Premier ministre malien a aussitôt dénoncé une « déclaration de guerre » et envoyé 1 500 soldats à Kidal. Ironie du calendrier, ces événements surviennent au moment où Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, devait se déplacer à Bamako pour annoncer la fin officielle de l'opération Serval présente au Mali depuis janvier 2013 et le déploiement de troupes dans d'autres pays du Sahel. La visite a dû être reportée.

La situation de Kidal, ville qui constitue la base des indépendantistes touareg du MNLA, est depuis longtemps en suspens. Les forces françaises en ont d'abord confié le contrôle au MNLA, pour prix de son aide dans la lutte contre les groupes intégristes et afin d'éviter des exactions de l'armée malienne sur les populations touareg. Les accords de cessez-le-feu signés à Ouagadougou sous l'égide de la France ont ensuite prévu le retour progressif de l'administration et l'armée maliennes, en contrepartie de négociations sur l'éventuelle autonomie des régions peuplées de Touareg.

Les autorités maliennes n'ont cependant jamais réussi à en reprendre totalement le contrôle. Des manifestations avaient déjà empêché le précédent Premier ministre de s'y rendre en novembre dernier. Quant aux négociations, elles tournent en rond, le gouvernement malien ne voulant manifestement faire aucune concession sur l'autonomie.

En venant à Kidal, Moussa Mara voulait affirmer l'autorité de son gouvernement sur l'ensemble du pays, lançant un défi aux indépendantistes touareg. Dès la veille de son arrivée, des femmes et des enfants ont manifesté près de l'aéroport. Les groupes armés du MNLA ont ensuite pris le contrôle de tous les points de passage, et ont fini par attaquer le bâtiment où le Premier ministre tenait une réunion.

Une trentaine d'officiels, aujourd'hui libérés, ont été pris en otages. Les autorités maliennes affirment que des jihadistes d'al-Qaïda au Maghreb islamique ont pris part aux combats au côté des hommes du MNLA, ce qui prouverait qu'ils n'ont pas été éliminés.

Rien n'est donc réglé au Mali, et la guerre peut ressurgir du jour au lendemain. L'intervention militaire française a simplement rétabli - mais pour combien de temps ? - un régime allié de l'impérialisme français, ce qui était son seul but.

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