Écoutes et casseroles judiciaires : Sarkozy crie au complot26/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2382.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Écoutes et casseroles judiciaires : Sarkozy crie au complot

À la veille du premier tour des municipales, Sarkozy y est allé d'une tribune dans Le Figaro intitulée : « Ce que je veux dire aux Français », mais qu'il aurait aussi bien pu titrer : « Ce que je ne veux pas que les juges sachent ». Car Sarkozy, qui y crie à la persécution de la part des juges, des médias et du pouvoir, a dû réagir devant les révélations de la presse sur le contenu d'écoutes téléphoniques le concernant décidées par des juges.

Avec le culot qu'on lui connaît, Sarkozy se présente en persécuté qui n'a rien à se reprocher. Il ne demanderait rien pour lui-même sinon de ne pas être placé « en dessous des lois », de ne pas subir des « méthodes dignes de la Stasi » (la sinistre police politique de l'ex-Allemagne de l'Est) et de ne pas voir l'intimité de ses discussions avec sa famille s'étaler dans les médias.

Mais, quand 30 000 et quelques écoutes sont décidées chaque année par l'instance judiciaire, le sieur Sarkozy est tout simplement traité comme bien d'autres justiciables suspectés d'être impliqués dans des affaires.

Alors que l'image de Sarkozy, qui se verrait bien succéder à Hollande à la prochaine élection présidentielle, en prenait un coup ces dernières semaines à chaque révélation, il s'agissait d'abord pour lui de contre-attaquer. Ou plutôt, d'affirmer, à défaut de pouvoir le prouver, qu'il est blanc comme neige.

Et, sur le fond, si Sarkozy fulmine autant, c'est qu'il tente de faire oublier un certain nombre de casseroles qui s'attachent à sa personne. En vrac, citons l'accusation d'avoir touché de l'argent de Kadhafi pour sa campagne présidentielle de 2007 en échange de gracieusetés. Ou encore « l'affaire de Karachi » où il aurait également touché de grosses sommes, cette fois pour la campagne présidentielle de Balladur. Et il y a aussi un dossier pour trafic d'influence : Sarkozy est suspecté d'avoir manipulé un magistrat de la Cour de cassation – en lui laissant miroiter une possible mutation très lucrative – dans le but d'échapper aux poursuites... dans le dossier libyen.

Selon une tactique bien connue, Sarkozy choisit de se présenter en victime, en espérant que cela lui évitera d'avoir à comparaître en coupable devant des juges.

En Italie, Berlusconi a joué au jeu du dirigeant politique victime d'un complot des juges pendant des années. Sarkozy semble vouloir lui emboîter le pas. Mais, avec toutes ses casseroles et son portable acheté à un autre nom que le sien comme n'importe quel dealer de banlieue, il est peu probable qu'il arrive à tirer des larmes sur son sort.

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