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« Les idées du mouvement ouvrier révolutionnaire »

Pas un jour, pas une heure sans qu'on entende ces mots, sans qu'on nous répète, à nous, les travailleurs, que nous coûtons trop cher, que les entreprises sont bien obligées de fermer et d'aller s'installer ailleurs vu le manque de « compétitivité » des travailleurs en France, et ainsi de suite.

NON À LA CONCURRENCE ENTRE TRAVAILLEURS

(...) Faire jouer la concurrence entre les travailleurs d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre, d'une usine à l'autre, parfois d'un atelier à l'autre, pour tirer les salaires vers le bas, c'est ce que les capitalistes font depuis qu'ils existent. C'est comme ça qu'ils font du profit, depuis que les premières manufactures industrielles ont vu le jour. Mais c'est précisément pour cela que le mouvement ouvrier a toujours combattu cette notion, quel que soit le nom qu'on lui donne.

C'est pour cela que le mouvement ouvrier a défendu inlassablement l'union entre les travailleurs contre la concurrence, l'internationalisme contre le patriotisme, la conscience d'appartenir à une même classe contre tous les nationalismes, régionalismes, communautarismes...

Alors oui, parler de compétitivité, quand on se dit de gauche ou qu'on se prétend dirigeant syndical et, à plus forte raison, dirigeant de confédération syndicale, c'est piétiner toutes les valeurs pour lesquelles le mouvement ouvrier s'est battu pendant des décennies.

C'est favoriser la concurrence entre les travailleurs, et c'est criminel, parce que rien n'arrange plus le patronat que de laisser tranquillement les travailleurs se battre entre eux, pendant qu'eux, les capitalistes, regardent grossir leur magot.

Le patronat, le gouvernement, la presse, les syndicats veulent nous vendre la « compétitivité française » ? Montebourg veut nous fourguer son « patriotisme économique » ?

Eh bien à cela, nous, nous préférons et nous préfèrerons toujours affirmer fièrement la devise du mouvement communiste : « Prolétaires de tous les pays, unissons-nous ! »

LES IDÉES LES PLUS CRASSEUSES RESSORTENT DES POUBELLES

(...) La misère et le chômage sont des terreaux favorables pour voir pousser les idées les plus réactionnaires, et elles poussent d'autant plus facilement que les partis de gauche eux-mêmes les encouragent.

Faute de vouloir désigner les vrais responsables de la crise et du chômage, les socialistes eux-mêmes en sont à s'abaisser au niveau du Front national pour désigner du doigt les étrangers, les Roms, les fonctionnaires, les assurés sociaux, comme boucs émissaires.

Les opinions qui tiennent le haut du pavé aujourd'hui sont celles de la droite et de l'extrême droite. Toutes les idées progressistes reculent, à tel point aujourd'hui que les forces les plus réactionnaires ne craignent plus de descendre dans la rue pour réclamer, par dizaines de milliers, la suppression du droit à l'avortement, ou pour condamner le fait qu'on tente d'apprendre aux enfants dès l'école à ne pas mépriser les femmes.

Oui, les idées les plus crasseuses ressortent aujourd'hui des poubelles et des égouts - je parle des idées d'un Dieudonné et de ses délires antisémites, d'un Soral, qui essaye de se faire passer pour un révolutionnaire alors qu'il se dit, ouvertement, national-socialiste ; je parle de ces crânes rasés qui encadrent les prêtres en soutane et cherchent à molester le personnel soignant dans les hôpitaux qui pratiquent l'avortement...

Et il n'est pas certain qu'un bon nombre de gens dans la petite bourgeoisie, enragés par le fait qu'eux aussi sont frappés de plein fouet par le gouvernement, qui préfère les ruiner plutôt que de toucher un cheveu des grands capitalistes, n'aient pas envie demain de passer, eux aussi, à l'action violente et d'aller mettre le feu à des camps roms, à des synagogues, à des mosquées... ou à des locaux syndicaux.

Des groupes et des militants d'extrême droite, des crânes rasés, des curés intégristes, des néo-nazis, il y en a toujours eu dans ce pays, mais ils n'ont que rarement réussi à entraîner des masses derrière eux. Mais si la politique des gouvernements continue de menacer de ruine des pans entiers de la population, jusques et y compris des commerçants, petits patrons, artisans, rien ne dit que ceux-ci ne se sentiront pas très vite attirés par ces groupes d'extrême droite, qui ne leur prêcheront pas, eux, la résignation.

Et rien ne dit que certains travailleurs, ne supportant plus la vie dans des cités gangrénées par la pauvreté, la violence, la drogue et les trafics en tout genre, ne tombent pas aussi dans leurs filets.

Voilà où l'on en est aujourd'hui... Voilà le résultat non seulement de la crise, mais aussi de la politique des partis réformistes, qui ne méritent plus depuis longtemps le nom de partis ouvriers. Car seuls de véritables partis ouvriers seraient capables de donner des perspectives non seulement aux travailleurs et aux chômeurs, mais à toutes les couches sociales qui sont, d'une façon ou d'une autre, victimes du grand capital.

Voilà aussi pourquoi il est indispensable, vital, de maintenir vivantes les idées du mouvement ouvrier révolutionnaire, et de travailler à le faire renaître.

Extrait du discours de J.P. Mercier

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