Altia, La Souterraine (Creuse) : Emplois menacés et combines patronales05/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2379.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Altia, La Souterraine (Creuse) : Emplois menacés et combines patronales

Plus de 200 travailleurs de l'usine Altia de La Souterraine dans la Creuse ont débrayé mercredi 26 février. Après une opération escargot entre La Souterraine et Limoges, ils ont bloqué les abords de la préfecture et se sont rassemblés devant celle-ci au son des pétards.

Le groupe Altia a décidé de vendre leur entreprise. Qui sont les repreneurs ? Quel avenir pour l'entreprise, et surtout pour les travailleurs et leurs emplois ? Motus et bouche cousue ! Tout se fait derrière le dos des salariés.

Comme l'affichait une de leurs banderoles, les travailleurs d'Altia ont été « cédés » ces dernières années à une pléiade de « repreneurs », avec à chaque fois à la clef des licenciements et une dégradation de leurs conditions de travail.

C'est en 2009 qu'Altia a racheté les deux usines limousines de l'équipementier automobile Sonas, licenciant 46 travailleurs à La Souterraine et 47 à Bessines. Altia a été arrosé d'argent public : plus de 1 200 000 euros de la part des collectivités locales au titre de l'aménagement du territoire, d'aides à la formation, diagnostic énergie, etc. Et surtout 5 200 000 euros du FMEA (Fonds de modernisation des équipementiers automobile), avec lesquels Altia a racheté Caddie en mai 2012, licenciant 125 salariés et se débarrassant de son unité portugaise de 150 travailleurs.

Depuis plusieurs mois, les travailleurs sentaient que de mauvais coups se préparaient : de toute évidence les actionnaires mettaient volontairement les deux unités dans le rouge en ne payant plus les pièces fournies aux autres usines du groupe, en les obligeant à payer un loyer exorbitant à une société créée à cet effet par le groupe, etc. Au mois de décembre, l'Urssaf et même la mutuelle d'entreprise n'étaient plus réglées. Enfin, le 23 janvier, le PDG annonçait aux syndicats la cession de l'usine de La Souterraine, la plus importante avec 320 travailleurs.

Les trois actionnaires du groupe ont créé une nouvelle société en juillet dernier : Altia Aérospace, au capital de 2 millions d'euros, dont l'objet est, notamment, « la prise de participations directes et indirectes dans toutes sociétés ou entreprises ».

Altia, 450 millions d'euros de chiffre d'affaires, 4 000 salariés dans dix pays, s'apprête tout simplement à recommencer ailleurs ce qu'il a fait avec les entreprises limousines : racheter des entreprises en difficulté, profiter au maximum des aides publiques, accumuler des profits sur le dos des travailleurs, puis s'en débarrasser. À l'échelle du groupe, les salariés d'Altia ont été informés de la cession, le 21 février, de quatre sites à la société Management et conseil, à Celles-sur-Durolle (Puy-de-Dôme), Saint-Marcellin (Isère), Scionzier (Haute-Savoie) et Verdun (Meuse).

Les deux donneurs d'ordres, PSA et Renault, ont déclaré souhaiter que l'usine de La Souterraine continue à fonctionner. Pour satisfaire les besoins en pièces de PSA, une augmentation des effectifs de production le week-end a été soumise au comité d'entreprise. PSA et Renault sont parties prenantes des négociations avec les deux éventuels repreneurs et, au final, ce sont eux qui décideront, pendant que pour les travailleurs rien ne transpire.

Alors, quel que soit le repreneur, les actionnaires d'Altia et ceux de PSA et Renault, qui font leur beurre avec la sueur des travailleurs, ont largement les moyens de maintenir tous les emplois.

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