Travailleurs roumains et bulgares : Harmoniser les conditions sociales, mais par le haut !09/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2371.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Travailleurs roumains et bulgares : Harmoniser les conditions sociales, mais par le haut !

Depuis le 1er janvier, toutes les restrictions sur l'emploi ont été levées en France pour les ressortissants roumains ou bulgares. Alors que la Roumanie et la Bulgarie ont adhéré à l'Union européenne en 2007, il a fallu que les ressortissants de ces deux pays attendent sept ans pour se voir octroyer les mêmes droits sur le travail que les autres citoyens européens. L'Europe a beau se prétendre « unie », elle n'en est pas égalitaire pour autant, et les États les plus riches s'étaient entendus pour mettre sur la touche ces deux pays, traités comme des parents pauvres.

Désormais, comme pour les autres Européens, les Roumains et les Bulgares, y compris les Roms de l'une ou l'autre nationalité, n'auront plus besoin de détenir un titre de séjour ou de travail pour postuler à un emploi, une carte d'identité leur suffit. Jusqu'à présent, seuls quelque deux cents métiers leur étaient autorisés, la liste s'étant cependant élargie au fil des ans dans des secteurs dits « déficitaires » comme l'agriculture ou le bâtiment ou, en haut de l'échelle, aux médecins dans les déserts médicaux où les médecins français refusent d'aller, ou aux ingénieurs très spécialisés.

Avec la levée des restrictions sur l'emploi, on va certainement voir ressurgir le spectre du « plombier polonais », ou roumain ou bulgare cette fois, qui viendrait prendre son travail au salarié français et serait responsable du chômage, thème largement exploité par les démagogues de tout poil.

Rien ne dit déjà que cette levée des restrictions à l'emploi va susciter une vague d'émigration massive des travailleurs bulgares ou roumains, pas plus qu'elle n'en avait suscité pour la Pologne quand celle-ci avait adhéré à l'UE, d'autant que huit autres pays européens ont eux aussi levé ces restrictions.

Si certains travailleurs craignent la concurrence des travailleurs de ces pays d'Europe de l'Est, le fait qu'ils aient maintenant les mêmes droits qu'eux leur offre au contraire une garantie. Les patrons n'auront plus les moyens d'imposer à une catégorie de travailleurs n'importe quelles conditions de travail à n'importe quel salaire, sous prétexte qu'ils n'ont pas de permis de séjour. Et leur ennemi n'est pas le travailleur originaire d'un autre pays, mais bien le patronat. Celui-ci s'est toujours servi des différences entre les situations des travailleurs pour créer des rivalités entre eux et tenter d'imposer à tous le statut le plus défavorable. Cela s'est fait à propos de leur nationalité, voire de leur région d'origine, de leur mode de vie, de leur salaire, en multipliant sans justification les échelons dans les grilles salariales, etc.

Face à cela, le rôle des organisations ouvrières devrait être de se battre pour unifier les conditions de travail et de salaire de tous les travailleurs sur le meilleur statut, et non au plus bas comme le veut le patronat. Cette lutte serait de première actualité au sein de l'Union européenne. Tous ses dirigeants parlent d'harmoniser les diverses législations, mais oublient systématiquement de le faire dès qu'il s'agit des conditions sociales, qu'il s'agisse de salaires, de retraites, de prévoyance. Pourquoi ce qu'il a été possible d'imposer dans le passé à l'échelle d'un pays ne le serait-il pas aujourd'hui à l'échelle de l'Union ?

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