États-Unis : L'augmentation de la productivité au seul bénéfice du patronat09/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2371.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : L'augmentation de la productivité au seul bénéfice du patronat

Dans une étude intitulée « The Forty-Year Slump » (quarante ans de crise économique), Harold Meyerson, journaliste connu et membre dirigeant du parti des Démocrates socialistes d'Amérique, membre de l'Internationale socialiste, analyse les reculs de la classe ouvrière et constate que l'évolution défavorable du rapport de force entre celle-ci et le patronat a permis à ce dernier d'accaparer tous les gains de productivité réalisés au cours de ces années de crise. Et ils sont considérables.

Il cite un économiste de l'université du Michigan, Mark Perry, qui affirme qu'en moyenne un ouvrier d'usine aux États-Unis produit chaque année le triple de ce qu'il produisait en 1972, avant le début de la récession. « Aujourd'hui, nous produisons deux fois plus de produits industriels que dans les années 1970 avec 7 millions d'ouvriers en moins. » Et Meyerson constate que « dans de nombreuses industries l'accroissement de la productivité va bien au-delà des estimations de Perry ». Il cite un PDG de l'US Steel qui affirmait en 2011 : « Il y a trente ans, il fallait dix heures d'un ouvrier pour produire une tonne d'acier ; aujourd'hui, cela prend deux heures. » Une augmentation de la productivité de 400 % en quarante ans ! Un ouvrier d'aujourd'hui produit autant que cinq ouvriers d'il y a quarante ans.

Cette augmentation considérable de la productivité du travail humain devrait permettre de vivre mieux, de pouvoir mieux répondre aux besoins en matière d'éducation, de santé publique, de logement, d'assurer dans des conditions toujours meilleures le développement des enfants et la retraite des anciens. Les politiciens qui osent affirmer qu'on ne peut plus payer les retraites parce que le nombre d'actifs a diminué par rapport au nombre de retraités sont de fieffés menteurs, qui veulent faire oublier qu'un actif d'aujourd'hui remplace trois, quatre ou cinq actifs d'hier !

Au cours de ces quarante années, l'augmentation de la productivité s'est accompagnée d'un afflux d'argent dans les caisses des entreprises. Elles s'en sont servi pour racheter leurs propres actions et augmenter les dividendes versés aux actionnaires, mais pas pour augmenter les salaires. La part de la classe ouvrière, la classe productive qui a produit ces richesses, a au contraire diminué dans le revenu national. L'étude se limite aux États-Unis mais elle est à l'image de ce qui s'est passé dans bien d'autres pays.

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