Doliprane : Sanofi ose le chantage à l'emploi09/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2371.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Doliprane : Sanofi ose le chantage à l'emploi

Le Doliprane de Sanofi, bien connu pour soulager les douleurs, a plus d'un demi-siècle d'existence. Le brevet de fabrication de son principe actif – le paracétamol – est donc tombé dans le domaine public depuis longtemps et de nombreux laboratoires commercialisent des génériques de paracétamol ; il en existe au moins une vingtaine.

Quand on demande du Doliprane au pharmacien, il peut délivrer n'importe quelle boîte de paracétamol. Mais si on vient avec une ordonnance d'un médecin prescrivant du Doliprane, il n'a pas le droit de le faire, sauf si le patient accepte la substitution.

Pourquoi une telle exception par rapport aux autres médicaments pour lesquels la substitution est automatique dès lors qu'il existe un générique ? Parce que le laboratoire (Aventis à l'époque) a refusé que le Doliprane soit inscrit au répertoire des génériques, la liste officielle qui les définit. Quand il aurait dû l'être, au début des années 2000, Aventis a fait un chantage selon lequel l'inscription, l'autorisation de générique, aurait entraîné un effondrement des ventes et qu'il aurait alors été contraint de fermer l'usine de Lisieux qui produit le médicament.

Le ministère de la Santé a accepté et le laboratoire s'est frotté les mains. En effet, le paracétamol est un des médicaments les plus vendus avec 500 millions de boîtes chaque année, dont 240 millions de boîtes de Doliprane parmi lesquelles près de 200 millions sont prescrites. À 1,95 euro la boîte, voilà qui fait un joli pactole dont Sanofi-Aventis n'a pas du tout envie d'être dépossédé au profit des producteurs de génériques !

Aujourd'hui, les autorités sanitaires annoncent leur intention de remédier à cette exception et affirment vouloir inscrire le médicament au répertoire des génériques. La réponse de Sanofi est la même. Il proclame qu'un tel projet pourrait « impacter l'équilibre de la production et de la distribution » du médicament. Bref, il réitère son chantage à l'emploi aux dépens des 175 salariés de l'usine de Lisieux.

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