Corbeil-Essonnes : Le pourrissement du système Dassault09/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2371.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Corbeil-Essonnes : Le pourrissement du système Dassault

L'affaire Dassault continue de faire des vagues. La dernière en date ? Une plainte pour association de malfaiteurs a été déposée auprès du parquet d'Évry contre Serge Dassault, sénateur UMP, industriel multimilliardaire, ex-patron du Figaro, le maire de Corbeil, Jean-Pierre Bechter, et un diplomate marocain en poste à Paris... par Fatah Hou, victime d'une tentative d'assassinat par l'un des hommes de main de Dassault, aujourd'hui en prison.

Fatah Hou faisait chanter Dassault avec un enregistrement clandestin compromettant où on entendait l'industriel reconnaître avoir versé des dons d'argent massifs pour services rendus, à son homme de main Younes Bouanara... et dire qu'il ne voulait plus rien payer. Pour faire taire cet apprenti maître chanteur dont les parents sont nés au Maroc, Dassault n'a pas hésité à solliciter les services de l'État marocain par l'intermédiaire d'un diplomate en poste à Paris. L'objectif de l'opération était d'intercepter Fatah Hou à la descente de l'avion lors d'un retour au Maroc.

Que Dassault puisse faire appel à la police d'un État étranger pour régler ses affaires personnelles n'est pas pour surprendre. C'est le comportement d'un milliardaire mafieux qui pense pouvoir tout acheter et tout corrompre. Et si le fameux plan concocté par Dassault et ses acolytes de la mairie de Corbeil a échoué, c'est tout simplement que, entre-temps, le témoin gênant a été blessé par balles... dans les rues de Corbeil.

Il est difficile de nier l'évidence, et cela d'autant que les preuves et les témoignages accablants s'accumulent contre lui. L'un des anciens adjoints de Dassault vient tout juste de reconnaître publiquement qu'il distribuait des enveloppes sur ordre du cabinet du maire. Dassault ne réfute donc plus les faits, il joue seulement les innocents et avance la carte du patron philanthrope, naïf, victime de sa générosité et surtout d'« un racket organisé ». Et le recours à la police marocaine qui avait été envisagé pour museler un témoin gênant ? Une simple « aide » pour « raisonner » un jeune trop entreprenant, bien sûr !

Mercredi 8 janvier, le Sénat devait examiner une demande de levée d'immunité parlementaire afin que les juges puissent entendre Dassault dans le cadre d'une garde à vue, suite à une autre plainte. Rappelons seulement que, en juillet dernier, le Sénat, à majorité de gauche, avait refusé de lever l'immunité du sénateur UMP de l'Essonne !

Toute l'affaire Dassault et ses multiples rebondissements, de la corruption généralisée aux règlements de comptes entre hommes de mains et, jusqu'à la demande d'intervention de la police marocaine, illustrent bien l'état de pourrissement avancé d'un système mafieux, mis en place par un grand bourgeois qui a voulu, à coups de millions, se payer un fauteuil de maire !

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