Centrafrique : La situation dramatique des réfugiés09/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2371.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Centrafrique : La situation dramatique des réfugiés

Alors que l'objectif proclamé de l'intervention française en Centrafrique était de sauver des vies humaines, il s'avère aujourd'hui que ses soldats en sont bien incapables. Leur inaptitude à protéger la population des exactions de bandes armées rivales suscite désormais l'hostilité de nombreux Centrafricains. Même les espoirs de ceux qui avaient pensé trouver assistance et sécurité auprès de l'armée française dans l'immense camp de réfugiés qui borde les pistes de l'aéroport de Bangui sont aujourd'hui déçus, tant les conditions d'existence y sont indignes et dangereuses.

Dans ce camp de M'Poko, qui compte déjà cent mille personnes, de nombreux réfugiés supplémentaires arrivent chaque jour. Une partie sont des blessés. Il n'y a pourtant que cinq médecins de Médecins sans frontières (MSF) pour les prendre en charge. La promiscuité et les conditions d'hygiène lamentables y favorisent le développement du paludisme, des infections respiratoires, et maintenant de la rougeole. Pouvoir s'abriter sous une moustiquaire est un luxe rare, et les réfugiés dorment à même le sol. Des femmes doivent accoucher sous la pluie.

Ce spectacle lamentable se déroule sous les yeux de l'armée française, à côté de pistes où atterrissent chaque jour des avions gros porteurs chargés de matériel de guerre pour les troupes françaises et africaines. Qui peut croire qu'il serait impossible d'acheminer de France les abris, les médicaments, les matériels modernes permettant d'améliorer le sort de ces milliers de réfugiés ? Qui peut penser qu'on ne puisse s'en remettre qu'aux quelques médecins des organisations humanitaires alors que de son côté l'armée française dispose de tout un service médical ?

Les organisations humanitaires évoquent le climat d'insécurité qui règne dans le camp et les empêche de développer leurs activités. Médecin sans frontières (MSF) a même dû renoncer à y intervenir pendant quelques jours, avant de reprendre ses activités. Ainsi cette armée française qui prétendait remettre de l'ordre dans tout le pays n'est même pas capable de sécuriser un campement situé à ses portes. Mais derrière cette incapacité, peut-être y a-t-il un calcul expliquant l'état d'abandon où se trouvent aujourd'hui relégués les réfugiés.

Un responsable local du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) déclarait ainsi au journal Le Monde : « Pour ne pas fixer les déplacés, nous n'avons pas distribué de bâches. » Sans doute est-ce là le raisonnement du gouvernement français. Il souhaite avant tout que les réfugiés retournent chez eux pour pouvoir déclarer que tout rentre dans l'ordre et que son opération militaire est un succès. Tant pis si ces déplacés n'ont plus de « chez eux » et craignent pour leur vie dans leur quartier d'origine.

Cette indifférence pour le sort des réfugiés éclaire les véritables raisons de l'intervention française. La défense de la population centrafricaine ne sert que de prétexte. Le but de l'opération est uniquement de garantir les intérêts des grandes sociétés impérialistes par la présence de l'armée française et de pouvoirs politiques favorables.

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