Cambodge : La police et l'armée tirent sur les grévistes09/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2371.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cambodge : La police et l'armée tirent sur les grévistes

Le 3 janvier, la police cambodgienne ainsi que la police militaire ont tiré sur des ouvriers du textile manifestant dans la banlieue de la capitale Phnom Penh, faisant au moins quatre morts et de nombreux blessés. Plusieurs manifestants ont été interpellés et tabassés.

La veille, à quelques kilomètres de là, des manifestants devant une usine fournissant Gap, Walmart, Pink avaient été dispersés et des ouvriers et des syndicalistes roués de coups.

Le 5 janvier, les manifestations prévues ont été interdites et immédiatement réprimées par les forces de l'ordre. « Si nous leur permettons de continuer à faire grève, cela va devenir l'anarchie », a déclaré le porte-parole de la police militaire.

Selon l'association patronale de l'industrie textile, il y a eu 134 grèves au cours de l'année qui vient de s'achever, chiffre qui aurait quadruplé depuis 2011, et 48 depuis le début de l'année.

La branche textile dans le pays compte cinq cent mille travailleurs. Leur salaire minimum (pas toujours atteint) se monte à 75 dollars par mois, auxquels s'ajoutent 5 dollars pour « frais de santé ». Ces 80 dollars en tout représentent moins de 2 euros par jour.

Le gouvernement avait envisagé de porter le salaire minimum à 95 dollars en avril 2014. Mais plusieurs syndicats ont refusé et maintenant la revendication porte sur 160 dollars au minimum, donc un doublement, qui ne feraient jamais que moins de 4 euros par jour.

En juin dernier le Premier ministre Hun Sen a expliqué à la radio : « Vous demandez davantage, mais les salaires ont augmenté et sont plus élevés que dans les pays avec lesquels nous sommes en compétition tels que le Bangladesh, le Myanmar [la Birmanie], l'Inde ou le Laos. Ne faites pas fuir les investisseurs car ce sera un désastre pour notre économie. » En fait cela risque d'être un désastre pour le patronat local qui devrait abandonner une partie de ses profits.

Parallèlement aux grèves ouvrières, un parti d'opposition réclame de nouvelles élections, les précédentes ayant été entachées de fraudes, et organisait déjà des manifestations dans tout le pays. Le 27 décembre des milliers d'ouvriers du textile avaient rejoint la manifestation de l'opposition. Selon le leader de l'opposition, le régime faisait « une tentative pour casser le mouvement ouvrier dans son ensemble. Et derrière le mouvement ouvrier, de casser le mouvement démocratique qui est en train de se développer ». Quoi qu'il en soit, la combativité des travailleurs du textile cambodgiens est évidente et leur lutte, peut-être encouragée par celle des travailleurs du Bangladesh, pourrait à son tour encourager les travailleurs des pays voisins.

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