Boeing, USA : Les patrons à l'offensive09/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2371.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Boeing, USA : Les patrons à l'offensive

Le 3 janvier, après des mois de bataille, les patrons de Boeing ont réussi à obtenir à l'arraché un accord en leur faveur avec les syndicats sur le nouveau contrat de travail, à l'issue d'un référendum où le oui ne l'a emporté qu'à une très courte majorité.

Le nouvel accord va imposer entre autres aux salariés des usines de l'avionneur de la région de Seattle un système de retraite beaucoup plus défavorable où le montant des pensions dépendra désormais des fluctuations de la Bourse.

Pour faire plier les travailleurs, dont les deux tiers refusaient encore en novembre dernier le contenu du nouveau contrat, les patrons ont utilisé l'artillerie lourde. Ils n'ont pas hésité à brandir la menace d'une suppression de 10 000 emplois dans l'État concerné et d'une délocalisation de la production du nouveau long-courrier 777X vers d'autres régions des États-Unis. Ils ont même prétendu que 22 États américains avaient déroulé le tapis rouge pour les accueillir, à coups de milliards de subventions et de nouvelles lois permettant de flexibiliser encore plus le travail. Ainsi il est certain que l'État de Washington, dans le Nord-Ouest des États-Unis, où se trouvent actuellement ces usines de Boeing, a promis 9 milliards de déductions fiscales simplement pour que l'entreprise accepte d'y rester. C'est donc bien le fusil sur la tempe, comme le déclarait un syndicaliste, que les ouvriers se sont rendus aux urnes.

Ces nouvelles concessions sont d'autant plus scandaleuses que le groupe est dans une santé florissante. Après avoir livré 648 avions en 2013, il a encore 5 000 appareils en commande pour les années à venir pour un montant de près de 400 milliards de dollars. Les bénéfices records de l'avionneur, confirmés par l'envol du cours de l'action à la Bourse de New York, lui ont permis de consacrer 10 milliards de dollars au rachat de ses propres actions, pour en faire monter encore plus la valeur, et de décider d'augmenter de 50 % le montant des dividendes versés aux actionnaires.

Les grands patrons de l'aviation se font entre eux une guerre sans merci sur l'arène mondiale, mais c'est avant tout leurs propres salariés qu'ils sont prêts à sacrifier sur l'autel de leurs bénéfices, qui ne sont pour eux jamais assez mirifiques.

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